En signant l’acte de mariage, j’ignorais encore que je perdrai pour certains jusqu’à mon prénom, que je ne deviendrais plus qu’une particule rajoutée dans l’identité de Julien, une extension, une greffe, ce « et Madame » accolé à Monsieur Julien Chti.
Pour notre banque ou pour notre notaire, je ne suis plus que ce « et Madame ». Fini mon nom, fini mes trois prénoms soigneusement choisis par mes parents à ma naissance, fini mon identité, je suis juste « et madame » aujourd’hui. Qu’importe ce que je suis ou fasse, je suis une particule de mon seigneur et maître d’époux.
Pourtant en nous mariant, nous avons choisi de prendre chacun le nom de l’autre dans notre nom d’usage, M et Mme Chti-Ragnagna. Chti en premier par ordre alphabétique et pour ne pas trop perturber l’administration rétive.
Je veux bien comprendre que c’est long, compliqué, aussi M et Mme Chti pour un usage courant ne nous dérange pas. Même si Mme Chti ça sonne tellement comment Maman Chti plus que moi ; mais de toute façon Mme Ragnagna, c’est ma maman à moi ça. Moi je me voyais bien en Madame Chti-Ragnagna !
En revanche, je m’en excuse, « Monsieur et Madame Julien Chti », là je vois rouge immédiatement, sors de mes gonds et implose de rage !
Peut-être qu’avec le temps, j’en aurai marre de me battre contre des moulins archaïques et je me résoudrai à n’être qu’une particule accolée mais en attendant, je vais sauter sur mon petit âne, prendre mon joli stylo et sus aux notaires !