Il y a des petites phrases que l’on entend telle une jolie ritournelle durant une grossesse… Celle qui m’horripile le plus est la suivante :
Oh oui j’en profite un max moi qui n’ai pas eu une nuit complète depuis près de 4 mois… De l’entraînement j’en ai là… Je me suis même découverte pour la première fois avec des cernes !
Mois : septembre 2014
Mogwaï commence à bien percevoir le monde extérieur depuis l’intérieur de mon ventre. Et, je ne sais pas pourquoi, mon petit doigt me dit qu’il a sûrement déjà compris que si Futur Papa peut être très attentif et doux…Future Maman, elle, est pas vraiment très délicate…Mais ce qui compte, c’est que je mette la crème d’abord, nan ?
Nous avons choisi notre appartement pour Plume : un rez-de-chaussée au milieu d’un parc de plusieurs hectares fermé à toutes voitures. Un royaume pour chats !
Aussi, Monsieur Plume profite bien. Monsieur Plume met même un peu plus de temps à rentrer chez son papa-chat et sa maman-chat ! Surtout quand Monsieur Plume joue avec ses nouveaux amis !
C’est donc bien souvent que mes nouveaux voisins assistent sous leurs fenêtres aux nombreuses représentations du spectacle de « la Mère Ragnagna qui a perdu son chat »…Heureusement que je vis avec un homme, autrement ma réputation de folle à chats serait totalement actée !
Le Chti et moi ne sommes pas de grands habitués de dîner romantique dans des restaurants gastronomiques de haut vol, mauvais Français que nous sommes !!! Aussi, quand Francis réserva pour nous à la meilleure table de l’île du Nord de la Nouvelle-Zélande, on était plutôt angoissé à l’idée de commettre un impair, voir de ne rien trouver de mangeable pour nos viles palais totalement ignares du bon goût.
Sans compter que nos deux adorables hôtes, déjà au courant de la réservation, nous proposèrent immédiatement de nous servir de chauffeur pour la soirée, s’arrangeant avec le restaurant pour que ces derniers les appellent durant notre dessert afin de nous ramener. Embarrassés de leur donner tant de peine, notre réflexe est de refuser immédiatement et catégoriquement. Julien peut tout à fait conduire et vu que nous ne buvons pas d’alcool, ça ne nous gêne en rien !
C’est ainsi que nous nous sommes retrouvés conduit par Dmitri, tels des seigneurs dans sa voiture aux fauteuils chauffants, avant d’être attablés autour de la lueur vacillante d’une bougie par une gérante ravie d’accueillir des Français dans son charmant restaurant…Malgré notre qualité de Français et donc spécialiste de la gastronomie mondiale (qualité totalement usurpée dans notre cas), le grand défi de tout repas dans tout restaurant gastronomique est toujours la traduction des menus alambiqués et tarabiscotés. Le Motu Kitchen, bien que déjà beaucoup plus simple que les ampoulés français, ajoutait un autre niveau de complication avec la barrière de la langue…J’ai préféré passer pour une idiote, mais avec la réputation de la gastronomie anglo-saxonne, je n’aurais pas été si surprise de voir un plat de gros yeux globuleux de bœufs m’arriver…
Au final, nous nous sommes surpris à apprécier ce moment de haute gastronomie néo-zélandaise. Le Chti a même dégusté la soupe de poisson (et la mienne) offerte en guise d’amuse-bouche alors qu’il est un sacré carnassier sans aucune appétence pour le poisson. Mais surtout, il a (enfin) pu manger la première crème brûlée néo-zélandaise méritant selon lui le terme de « crème brûlée ».Moi de mon côté, je garde un précieux souvenir de ma « destructured lemon pie »…
Et effectivement, quand ils disent « tarte au citron déstructurée », ils plaisantent pas ! C’est « destructured » !
Un peu déçus par notre visite de Hobbitebourg, nous quittons Matamata en fin de matinée. Nous avons rendez-vous chez nos nouveaux hôtes d’un soir, David et Dmitri, dans un Bed&Breakfast 5 étoiles de la péninsule des Coromandel.
Une fin de voyage en beauté : la péninsule des Coromandel a un côté Côte d’Azur, en plus sauvage et moins peuplée. Deux lieux sont des « must see » selon Francis durant notre bref séjour. Nous décidons de nous arrêter en chemin au premier : Hot Water Beach.Malgré le temps gris, nous ne sommes largement pas seuls sur la plage à notre arrivée. Ce n’est pas étonnant quand on sait que Hot Water Beach est souvent dans le top des classements mondiaux de plages.
En effet, au-delà de sa beauté, elle est dotée d’une caractéristique unique : une source d’eau chaude géothermique suinte sous le sable avant de se jeter dans l’océan. En creusant un trou au-dessus de ces veines chaudes, vous pouvez vous faire votre petite baignoire chaude face à la mer ! Ce qui explique la concentration de plagistes sur la portion très réduite de la plage concernée…La marée basse qui dégage la petite portion de sable concernée par ce phénomène est donc un grand moment de communion, où chacun débarque armé d’une petite pelle (pelles que l’on peut louer aux boutiques locales bien entendu) pour se creuser son trou dans le sable.
On reconnaît les habitués facilement à leurs pelles de compétition et à leur science dans le choix de la localisation et de la formation de leur petite mare où il s’allonge avec bonheur et que seule la marée montante pourra abattre…
Et nous, me demanderez-vous, avons-nous essayé ? Dans un premier temps non, cela faisait vraiment trop mare aux cochons. Puis le lendemain, nous nous sommes dit que ce serait dommage de rater une telle expérience. Aussi nous avons emprunté (gratuitement) une pelle à David et Dmitri et le Chti s’est attelé à la tâche…
Vous pouvez me croire sur parole, les bonnes places sont dures à trouver pour se faire son sauna personnel ! Un peu trop loin de la source chaude, l’eau est froide, un peu trop près, elle monte jusqu’à 64°C !!
Seconde journée complète à Queenstown. Après la balade la veille sur la Dart River en canoë, nous avons un programme plus tranquille pour la matinée avec une balade en 4×4 autour de Queenstown. Nous partons sur la trace des chercheurs d’or mais aussi (et surtout !!) sur celle du Seigneur des Anneaux.
Nous partons dans la voiture Thorin, accompagnés d’un groupe d’Américains. Direction plein Est, longeant la rivière Kawarau. Tout le long de la route, plusieurs arrêts sur divers points de vue sur la ville nous sont présentés.Cependant à chaque points de tournage désignés, si nous ressentions une atmosphère familière, comme par exemple sur Coronet Peak avec ses touffes d’herbes grasses brunes qui nous font songer immédiatement au Royaume de Rohan…
Ou si nous avions une impression de similitude, par exemple en observant sur la Kawarau River, le lieu précis où les statues des rois de l’Argonath se tiennent dans le film…
Ou encore un sentiment de déjà-vu, comme sur l’Arrow River où nous avons pu voir le Gué de Bruinen avec quasiment le même point de vue que les caméras du film…
À chaque fois, nous pouvions voir aussi combien le tournage a utilisé de lieux et d’astuces pour modeler le paysage selon les souhaits du réalisateur. Ainsi les scènes où la Communauté de l’Anneau pagaie sur leur frêle barque elfique sur le fleuve Anduin regroupent en réalité une centaine de points de vue différents.
Cependant ce chemin nous a aussi fait découvrir quelques bouts de Nouvelle-Zélande : comme le Kawarau Bridge, pont suspendu à une quarantaine de mètres au-dessus des gorges de la Kawarau River. C’est aujourd’hui le plus ancien point de saut à l’élastique commercial dans le monde (les Kiwis sont de grands fans des activités extrêmes), datant de 1880, son but premier était de permettre aux chercheurs d’or d’accéder à leurs exploitations…Nous avons aussi été, le temps d’une heure, des orpailleurs amateurs sur l’Arrow River avec pelles et pans. Nous avons fait chou blanc, même si j’ai essayé de convaincre le Chti de tricher pour l’occasion…
Mais ce que nous avons SURTOUT retenu de cette journée, c’est que :
A) Les routes néo-zélandaises parfois abusent du nom de « route » (oui madame, oui monsieur, quand la route est sous 40cm d’eau en permanence, je n’appelle pas ça une route !!!)
B) Le 4×4, là-bas, c’est pas comme à Paris pour encombrer le monde décorer !
Ceux qui me connaissent personnellement savent qu’au boulot en ce moment, ce n’est pas un long fleuve tranquille. Je travaillais dans une petite société depuis mi-2011, un travail comme les autres. Certains jours, passionnant et enthousiasmant, d’autres jours, lassant et épuisant.
Il rythmait néanmoins mon quotidien depuis 3 ans et alimentait mon compte en banque. Il nous a aidé à lancer plusieurs beaux projets comme notre voyage en Chine, notre mariage, la Nouvelle-Zélande ou l’achat de notre appartement. Il m’apportait une stabilité.Mais en juillet, ma boîte, faute de revenus suffisant, a mis la clé sous la porte. La grossesse étant déjà déclarée, je suis donc aujourd’hui une licenciée économique qui effectue en ce moment ses deux mois de préavis avant le chômage.
Le journal pour lequel je travaillais, lui, survit aussi via un miraculeux repêchage par une autre boîte. Mon patron s’est battu pour que mon poste soit maintenu et il nous a donc été proposé alors de beaux contrats tout neufs. Nouveau contrat cependant où je perdais en salaire (malgré mon expérience acquise) et qui ne me donnait pas droit à un congé parental.
Alors j’ai eu peur. Peur de signer avec ces gens que je ne connaissais pas un nouveau CDI. Peur de ne pas avoir la force, après mon congé maternité, de laisser mon petit bébé de 3 mois plus de 10h tous les jours, toute la semaine.
J’aurais voulu avoir le temps, le temps de retrouver un rythme de vie humainement supportable avant de reprendre le travail, le temps de voir et d’aider notre bébé à grandir, le temps de démarrer ma vie de maman tranquillement.Aussi j’ai refusé. Je leur ai proposé de prolonger mon préavis d’un CDD jusqu’au début du congé de maternité. Parce que je suis attachée à ce journal qui m’a donné ma première opportunité d’emploi et m’a fait grandir, moi aussi. Afin de l’aider à faire sa transition, pour y participer un peu plus longtemps, pour gratter le maximum de sous avant le chômage, pour ne pas penser à demain trop tôt…
Car certains jours je doute. Je me demande si j’ai fait le bon choix. Trouverai-je autre chose derrière ? Particulièrement en ces temps mornes et moroses et dans un métier totalement saturé et en crise ? N’est-ce pas fou de faire des plans autour d’un enfant qui est juste en cours de gestation ? Si jamais un malheur arrivait, ce serait si ironique.
Mais j’ai fait le choix de partir vers autre chose, l’inconnu. Aujourd’hui je termine mon préavis, le CDD est pour l’instant bloqué par leur avocat qui a peur d’engager une femme enceinte. Vers quoi je me dirige, de quoi sera fait demain ? Aucune idée mais j’y vais sûrement…