C’était il y a peu, au boulot, mon collègue me décrivait ses ex-copines, des filles un peu extrêmes, vraiment bizarres. Compatissante comme je suis, j’étais juste explosée de rire sur mon bureau, grognant très dignement. Quand j’ai enfin repris mon souffle, je lui ai demandé « Mais pourquoi tu sors pas avec des nanas normales ? Je sais pas, des nanas comme moi, pas droguées, pas fanatiques, … ?! ». Et là il m’a juste bien soufflé en répondant spontanément « Mais t’es pas normale toi ! ».
Des vieux souvenirs me sont revenus, j’ai arrêté de rire. Moi qui pensais que la période où l’on m’appelait « E.T. » était finie et loin derrière moi…
Enfant, j’étais ce que l’on appelle un garçon manqué. Je tapais ceux qui me manquaient de respect au lieu de crier, je détestais les poupées, j’adorais les histoires d’aventures, je jouais au Lego avec mes frères, je hurlais quand on me forçait à porter une robe, je me chamaillais avec mes frères pour avoir la Game Boy (d’ailleurs quel nom à la con quand on y pense), j’avais les cheveux courts, etc. Je pourrais multiplier les exemples à l’infini, d’ailleurs avant que la puberté ne se fasse sentir, on se trompait souvent sur mon sexe quand on ne me connaissait pas.
Ajoutez à cela une absence totale de culture générale « classique » : sans télévision et sans intérêt pour les people, j’étais regardée comme une alien dès que je demandais ce qu’était le principe de « Tournez Manège » ou qui était « Christina Aguilera ». Bref, mes amies me surnommaient affectueusement E.T.
Depuis, la puberté c’est fini tant bien que mal, je suis loin d’être une « femme », voir même une « fille » mais j’ai les cheveux longs ! Je pensais être un peu entrée dans la « normalité », sans pour autant être l’archétype féminin, mais il semblerait que non.
Et finalement tant mieux car si je ne suis pas la femme parfaite, j’ai la chance d’avoir trouvé un homme formidable que j’aime et qui m’aime, moi, mes bourrelets et mes poils. Et la « normalité », je l’emmerde car on est tous différent à notre façon.
J’ai eu envie de râler un peu quand :
- j’ai lu ici que le « professeur » Dukon Dukan a voulu faire mousser autour de son livre dans les médias en lançant l’idée la plus stupide de ce début 2012 (donner des points bonus aux personnes ayant un IMC dans la norme admise médicalement).
- j’ai vu ici la nouvelle gamme rose « pour filles » de Lego jouant sur les caricatures j’aime les animaux/je veux être une star auquel Nintendo nous avait habitué grâce à la super collection Léa Passion et hypersexualisant les jouets, des Legos avec des poitrines nan mais franchement ? A quand la bosse de la quéquette pour les garçons ?!
- j’ai entendu ma nièce adorée me dire que Cars c’était pour les garçons
- j’ai entendu une jeune fille dans le métro dire à sa mère, pleine d’assurance du haut de ses 19 ans et demi, que dans un couple, la femme ne devait pas se relâcher pilairement parlant et surtout pas au début de sa relation (c’est sur que pour un homme voir un poil, c’est effrayant voir traumatisant…)
- j’ai vu l’arrivée des geekettes-poufs(1) dans les jeux en ligne (tu sais celle qui va draguer tous les mecs -dont ton copain- pour avoir des items et foutre une ambiance de merde ?)…
- je ne parle même pas de la tendance proud to be geek or « geekette », lâchez moi les baskets !
- qu’une école primaire avait du interdire dans son règlement les mini-jupes, maquillage et talon haut.
- etc !
(1) Mon correcteur orthographique corrige « geekettes-poufs » par « serviettes-éponges »! J’adore les auto correct fails !