Me voilà à Pékin, ou plutôt Beijing, comme on dit ici. Au programme du jour, un gros morceau : Gùgong c’est-à-dire l’ancien palais, mieux connu chez nous sous le nom de « Cité Interdite ».
Je prends enfin ma revanche sur tous ces Chinois que je croisais les matins sur la place d’arme du Château de Versailles tandis que j’allais au boulot !
Il est peu avant 7h, le jour est levé mais le ciel reste gris, l’air a encore ce goût et cette odeur de poussière qui nous avaient frappé la veille et qui rappellent que le désert n’est pas loin. L’appareil photo harnaché au dos et la sacoche en bandoulière, le Chti à mes côtés avec notre réserve d’eau, nous partons direction plein Sud…
La tête au vent, mon regard musarde de gauche à droite, ne sachant par où commencer, me familiarisant avec ce nouvel environnement. Les boutiques sont fermées mais la rue grouille de monde, les piétons longent les murs tandis que les vélos et les cyclomoteurs électriques slaloment au milieu de la chaussée, klaxonnant allégrement. Les Pékinois vont au travail.
Je sais que nous sommes sur le bon chemin quand nous contournons les hauts murs pourpres de la colline de Charbon, colline artificielle au nord de la Cité où la terre du creusement des douves et des lacs a été déposée. Du haut de ces 108m, la colline est censée faire obstacle aux mauvais esprits venant du nord et seul l’Empereur avait le droit de s’y promener. Aujourd’hui les touristes l’escaladent pour contempler dans son ensemble la Cité Interdite et les Chinois apprécient ce point en hauteur et ce havre de verdure pour pratiquer leur taïchi et leurs étirements matinaux.
Derrière la colline de Charbon, nous apercevons la Cité elle-même, nous longeons les douves avant d’atteindre enfin la célèbre place Tiananmen (place de la Paix Céleste en français). Sa largeur est impressionnante, impression renforcée par le vide encadré de deux bâtiments de style soviétique. Au milieu, deux énormes écrans diffusent en boucle une vidéo à la gloire de la Chine. De l’autre côté, à ma droite, Mao nous salue du haut de son mur.
La Cité est organisée sur un axe nord-sud, respectant une certaine symétrie, les touristes entrent au sud par la porte de la Paix Céleste (là où Mao vous fait coucou) et sortent bien plus tard au nord par la Porte du Génie Militaire, en face de la colline de Charbon.
Ma première vision de la Cité est loin de celles idéales des cartes postales. Déjà premièrement il fait toujours plutôt moche avec le smog. De plus à mon niveau, je ne vois pas grand-chose, juste une masse impressionnante, un flux ininterrompu de touristes (majoritairement chinois) qui se pressent entre deux terrains d’entraînement militaire (dont un avec des paniers de basket, ça surprend). J’arrive au pied de la Porte du Midi, je paye nos billets.
La transhumance du troupeau se poursuit, j’aperçois enfin de mes yeux la célèbre porte de l’Harmonie Suprême ! Nous sommes au cœur de la Cité Interdite…
La Cité Interdite a été pendant 5 siècles (1420-1911) la résidence des empereurs chinois et par extension le cœur du pouvoir en Chine. Seuls les eunuques et les concubines pouvaient y cohabiter avec l’empereur (d’où le nom de Cité Interdite).
L’empereur lui n’avait d’ailleurs pas trop le droit de sortir longtemps de ses murailles, il était quasiment confiné au 72 ha de la Cité, ils sont 24 empereurs à y avoir vécu.
La construction de la Cité a mis 14 ans initialement et a demandé le travail d’un million d’ouvriers (prisonniers de guerre, esclaves, …). Elle a été initiée par l’empereur Yongle suite au transfert de la capitale de Nanjing (Nan- sud et -jing capitale) à Beijing (Bei- nord et -jing capitale) pour se rapprocher de la menace mongole au Nord de la Chine.
Pour la suite de la visite voici en vrac avant la galerie, quelques photos commentées que vous retrouverez en grand dans la galerie avec mes gribouillis :
Le palais de l’Harmonie suprême est le plus grand de la Cité, édifié en 1420 et reconstruit en 1695. Trois terrasses de marbres l’entourent face à une place faisant presque 30 000 m² et pouvant contenir parait-il jusqu’à 100 000 personnes (en partant du principe que le guide du Routard soit plus juste que Sarkozy) !
C’est dans cette salle haute de 30m et parcourut de 24 piliers que se déroulaient les cérémonies les plus importantes (Nouvel An, Solstices, mariages, naissances, anniversaires, …).
Le palais de l’Harmonie du Milieu sépare le palais de l’Harmonie suprême du palais de l’Harmonie préservée, comme son nom l’annonce… L’empereur s’y arrêtait pour se préparer avant les grandes cérémonies ou parfois recevoir ses ministres.
En arrière-plan, vous pouvez apercevoir le dos du palais de l’Harmonie suprême.
Le dernier palais de cette place est le palais de l’Harmonie préservée, lieu des banquets, grandes réceptions, …
La Cité Interdite est le plus grand édifice en bois du monde, le feu était (et est toujours) très redouté. C’est pourquoi toute la Cité est parsemée d’immenses jarres de bronze qui contenaient de l’eau. L’hiver étant froid à Pékin, des personnes étaient chargées de veiller à ce que l’eau ne gèle pas en chauffant les jarres. Les toucher portent bonheur.
Mais ce que j’ai vraiment aimé dans la Cité Interdite, c’est toutes ces couleurs sur les toits. Ces boiseries multicolores qui tranchent avec le rouge des colonnes et des murs. Elles mettent en scène des animaux symboliques, mais surtout des dragons, symbole impérial par excellence.