Une Cité (plus si) Interdite

Ouvrons les portes d’une Cité plus si Interdite (depuis 1924)

Me voilà à Pékin, ou plutôt Beijing, comme on dit ici. Au programme du jour, un gros morceau : Gùgong c’est-à-dire l’ancien palais, mieux connu chez nous sous le nom de « Cité Interdite ».
Je prends enfin ma revanche sur tous ces Chinois que je croisais les matins sur la place d’arme du Château de Versailles tandis que j’allais au boulot !
Il est peu avant 7h, le jour est levé mais le ciel reste gris, l’air a encore ce goût et cette odeur de poussière qui nous avaient frappé la veille et qui rappellent que le désert n’est pas loin. L’appareil photo harnaché au dos et la sacoche en bandoulière, le Chti à mes côtés avec notre réserve d’eau, nous partons direction plein Sud…

Agitation matinale sur Nan Luo Gu Xiang

La tête au vent, mon regard musarde de gauche à droite, ne sachant par où commencer, me familiarisant avec ce nouvel environnement. Les boutiques sont fermées mais la rue grouille de monde, les piétons longent les murs tandis que les vélos et les cyclomoteurs électriques slaloment au milieu de la chaussée, klaxonnant allégrement. Les Pékinois vont au travail.

Vue sur la Cité Interdite depuis la colline de Charbon

Je sais que nous sommes sur le bon chemin quand nous contournons les hauts murs pourpres de la colline de Charbon, colline artificielle au nord de la Cité où la terre du creusement des douves et des lacs a été déposée. Du haut de ces 108m, la colline est censée faire obstacle aux mauvais esprits venant du nord et seul l’Empereur avait le droit de s’y promener. Aujourd’hui les touristes l’escaladent pour contempler dans son ensemble la Cité Interdite et les Chinois apprécient ce point en hauteur et ce havre de verdure pour pratiquer leur taïchi et leurs étirements matinaux.

La Porte de la Paix céleste vue depuis la place du même nom

Derrière la colline de Charbon, nous apercevons la Cité elle-même, nous longeons les douves avant d’atteindre enfin la célèbre place Tiananmen (place de la Paix Céleste en français). Sa largeur est impressionnante, impression renforcée par le vide encadré de deux bâtiments de style soviétique. Au milieu, deux énormes écrans diffusent en boucle une vidéo à la gloire de la Chine. De l’autre côté, à ma droite, Mao nous salue du haut de son mur.
La Cité est organisée sur un axe nord-sud, respectant une certaine symétrie, les touristes entrent au sud par la porte de la Paix Céleste (là où Mao vous fait coucou) et sortent bien plus tard au nord par la Porte du Génie Militaire, en face de la colline de Charbon.

Au pied de la Porte du Midi

Ma première vision de la Cité est loin de celles idéales des cartes postales. Déjà premièrement il fait toujours plutôt moche avec le smog. De plus à mon niveau, je ne vois pas grand-chose, juste une masse impressionnante, un  flux ininterrompu de touristes (majoritairement chinois) qui se pressent entre deux terrains d’entraînement militaire (dont un avec des paniers de basket, ça surprend). J’arrive au pied de la Porte du Midi, je paye nos billets.

La transhumance du troupeau se poursuit, j’aperçois enfin de mes yeux la célèbre porte de l’Harmonie Suprême ! Nous sommes au cœur de la Cité Interdite…

L’esplanade devant la porte de l’Harmonie suprême

La Cité Interdite a été pendant 5 siècles (1420-1911) la résidence des empereurs chinois et par extension le cœur du pouvoir en Chine. Seuls les eunuques et les concubines pouvaient y cohabiter avec l’empereur (d’où le nom de Cité Interdite).
L’empereur lui n’avait d’ailleurs pas trop le droit de sortir longtemps de ses murailles, il était quasiment confiné au 72 ha de la Cité, ils sont 24 empereurs à y avoir vécu.
La construction de la Cité a mis 14 ans initialement et a demandé le travail d’un million d’ouvriers (prisonniers de guerre, esclaves, …). Elle a été initiée par l’empereur Yongle suite au transfert de la capitale de Nanjing (Nan- sud et -jing capitale) à Beijing (Bei- nord et -jing capitale) pour se rapprocher de la menace mongole au Nord de la Chine.

Pour la suite de la visite voici en vrac avant la galerie, quelques photos commentées que vous retrouverez en grand dans la galerie avec mes gribouillis :

Depuis la porte de l’Harmonie suprême…
…le palais de l’Harmonie suprême !

 

Le palais de l’Harmonie suprême est le plus grand de la Cité, édifié en 1420 et reconstruit en 1695. Trois terrasses de marbres l’entourent face à une place faisant presque 30 000 m² et  pouvant contenir parait-il jusqu’à 100 000 personnes (en partant du principe que le guide du Routard soit plus juste que Sarkozy) !
C’est dans cette salle haute de 30m et parcourut de 24 piliers que se déroulaient les cérémonies les plus importantes (Nouvel An, Solstices, mariages, naissances, anniversaires, …).

Le palais de l’Harmonie du Milieu

Le palais de l’Harmonie du Milieu sépare le palais de l’Harmonie suprême du palais de l’Harmonie préservée, comme son nom l’annonce… L’empereur s’y arrêtait pour se préparer avant les grandes cérémonies ou parfois recevoir ses ministres.
En arrière-plan, vous pouvez apercevoir le dos du palais de l’Harmonie suprême.
Le dernier palais de cette place est le palais de l’Harmonie préservée, lieu des banquets, grandes réceptions, …

Un chaudron anti-incendie
Un chaudron anti-incendie plus modeste

La Cité Interdite est le plus grand édifice en bois du monde, le feu était (et est toujours) très redouté. C’est pourquoi toute la Cité est parsemée d’immenses jarres de bronze qui contenaient de l’eau. L’hiver étant froid à Pékin, des personnes étaient chargées de veiller à ce que l’eau ne gèle pas en chauffant les jarres. Les toucher portent bonheur.

Détails des toits 6

Mais ce que j’ai vraiment aimé dans la Cité Interdite, c’est toutes ces couleurs sur les toits. Ces boiseries multicolores qui tranchent avec le rouge des colonnes et des murs. Elles mettent en scène des animaux symboliques, mais surtout des dragons, symbole impérial par excellence.

 

 

 

28 commentaires sur “Une Cité (plus si) Interdite”

    1. J’ai essayé de faire le tri, mais j’ai pas réussi à descendre en-dessous de 56…
      J’ai pas fait les plus belles photos du monde, et je suis pas restée assez longtemps dans la Cité pour pouvoir tout montrer. Mais j’y retournerais bien moi aussi, ça donne envie !!

    1. Tu nous as pas vu ? Ah flûte pour toi, il va falloir que tu te retapes les 56 photos à nouveau ! 😉

  1. J’adore, tes photos sont super! En plus je viens d’apprendre ce qu’était la Cité interdite grâce à toi (je suis un peu cas soc’ en Histoire-Géo^^)!! 😉

    1. Je t’en rajoute une petite couche alors que je vais mettre en edit aussi 😉 !!
      La Cité Interdite a été pendant 5 siècles (1420-1911) la résidence des empereurs chinois et par extension le cœur du pouvoir en Chine. Seuls les eunuques et les concubines pouvaient y cohabiter avec l’empereur (d’où le nom de Cité Interdite).
      L’empereur lui n’avait d’ailleurs pas trop le droit de sortir longtemps de ses murailles, il était quasiment confiné au 72 ha de la Cité, ils sont 24 empereurs à y avoir vécu.
      La construction de la Cité a mis 14 ans initialement et a demandé le travail d’un million d’ouvriers (prisonniers de guerre, esclaves, …). Elle a été initiée par l’empereur Yongle suite au transfert de la capitale de Nanjing (Nan- sud et -jing capitale) à Beijing (Bei- nord et -jing capitale) pour se rapprocher de la menace mongole au Nord de la Chine.

    1. Pour le soleil, on ne l’a pas beaucoup vu à Pékin. Il semblerait que ce ne soit que l’hiver que ce soit possible. Nous en tout cas, tous les jours à Beijing ont été brumeux, avec en fond ce smog de pollution.
      Heureusement à la Grande Muraille cela n’a pas été le cas !

  2. Bon sinon, LA question : tu dis qu’à ton niveau, tu ne voyais pas grand chose, mais quand même… est-ce que t’as vu des cranes de gens, à ton (fameux) niveau ?

    Et puis, perso, je ne trouve pas ça si fou d’étoiler les toilettes… Faudrait faire ça en France tiens, ça éviterait les mauvaises surprises !

    1. Et bien non, tu vas être déçue ! Je faisais la taille moyenne… Comme tu peux voir dans la dernière photo avant les boiseries colorées.
      Juju par contre faisait bien grand à Pékin, et à Shanghai il était dans les tailles moyennes.

  3. J’adore tes photos et dessins de la Cité Interdite…Déjà que je voulais y aller l’an prochain.. cette fois c’est sûr ! Quel souci des détails jusque dans les endroits les plus inaccessibles ! Magnifique et merci de nous en faire profiter Bon dimanche Bises

    1. J’avais peur d’avoir mis trop de photos, mais c’était dur de se limiter !! Ça vaut vraiment le détour la Cité Interdite. J’aurais aimé passé plus de temps là-bas pour tout voir en profondeur !

    1. Désolééée !! J’ai eu la même envie quand j’ai trié les photos, y retourner 😛 Et merci pour l’appréciation sur les photos ! Ça me rassure un peu 😳
      Demain je promets rien, mais je m’attelle à la suite dès que je peux !

    1. Merci !! Ça fait plaisir de savoir que son travail est apprécié 😀
      Pas trop dur de choisir le gagnant de ton concours ? 😛

  4. Quel dépaysement!!!! La Chine ne m’attire pas vraiment, (je flippe des endroits trop peuplés moi, ourse un jour ourse toujours!!!), mais quel pays riche historiquement parlant, c’est fascinant cette Cité interdite, j’ai hâte de voir la suite!!

    1. Chez nous aussi la Chine n’est pas le pays qui nous attirait le plus, même si son histoire millénaire est fascinante. C’est parce que nous avions des amis à Shanghai que finalement le Chti a choisi cette destination. Et au final pas de regrets ! Hors les grands lieux touristiques, nous n’avons pas été trop étouffés dans la foule, surtout vu la réputation de la Chine 😕

    1. Michi, je regrette juste la couleur du ciel un peu mochouille, mais en même temps ça donnait un petit côté mystérieux…

  5. Dis donc c’est magnifique !! Ca a l’air immeeeeense !
    En tout cas, ta plume est très agréable à lire et une fois de plus, j’ai hâte d’avoir la suite ^^

    1. C’est plutôt grand en effet, il y a des espaces énormes. Mais c’est renforcé en plus par les recoins partout !
      Et michiii pour la plume !! Quand j’écris j’ai toujours la trouille d’être ennuyeuse, et là en plus je vous mets près de 60 photos. C’est pas méga fun !

    1. Nous y avons été pour notre part sans guide, juste l’audioguide qui n’est vraiment pas formidable. Il se déclenche vraiment n’importe quand et impossible de lui faire répéter à moins d’arriver à réinitialiser le signal. Au final, on s’est renseigné après la visite sur ce que l’on avait vu. Globalement les explications sont assez pauvres dans tout ce que l’on a visité en Chine.
      Mais c’est quand même magnifique à visiter. Comme tu dis c’est un monument-culte ! Malgré la barrière linguistique et la foule dense !

  6. T’inquiètes pour la couleur du ciel, les miennes aussi sont moches. Et tu as oublié dans l’histoire de la cité, les 9999 pièces (si je ne me trompe pas) et les 81 concubines car le neuf est le chiffre impérial (je crois par rapport à la vie éternelle tout ça).
    Du coup je rereregarde mes photos.

    1. J’aurais préféré parler des eunuques plutôt que des concubines. La façon dont ils étaient castrés est pas-gloups !
      Pour les 9999 pièces c’est une légende, il y en a moins. C’était 9999 car 10 000 était le chiffre de la perfection, atteignable uniquement par les divinités. En tant que Fils du Ciel, l’empereur devait en être proche sans l’atteindre. En vrai, le gouvernement chinois à compter 8700 environ je crois.
      Pour le neuf autrement tout va par neuf là-bas effectivement ! Les clous sur les portes par exemple ! C’est un super endroit, j’aurais aimé y passer toutes la semaine limite…

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