Je ne pouvais pas terminer l’histoire de ma grossesse sans en raconter son « apogée », en vous narrant l’accouchement. Tout un chacun peut ne pas apprécier de lire ce type de récit, surtout que je ne me suis pas particulièrement amusée ou sentie amusante cette nuit-là. Pour les autres, de peur d’ennuyer avec ses multiples rebondissements, j’ai décidé de scinder en plusieurs parties ma soirée pour la rendre plus digestible. En voici la suite, celle où ça part en sucette…
► Lire la première partie
***
Nous nous réinstallons donc dans une nouvelle pièce quand le gynécologue de garde se présente et branche le vieil appareil à échographie mobile du service. Hop un coup de gel sur le ventre et voilà la Mogwaï sur son écran enneigé. Le placenta semble parfait mais petit hic, autour de Mogwaï il ne semble plus y avoir de liquide amniotique. Il me demande si j’ai perdu les eaux, je lui réponds que non pas à ma connaissance juste du sang et que, si j’ai eu beaucoup de pertes liquides, j’ai été testée deux fois et cela a toujours négatif.
Vous savez ce que l’on dit ? Jamais deux sans trois ! Il décide de refaire le test mais plus profondément cette fois via un dispositif spécial en plastique (qui est pas très engageant au premier abord). Le coton-tige revient sanguinolent mais toujours négatif ! Le gynéco décide alors de refaire une échographie avec un appareil plus récent, dans son cabinet à l’étage en-dessous. Je me rhabille et nous redescendons, traversons des couloirs étrangement vides. Hop coup de gel à nouveau et revoilà Mogwaï (cette fois sans neige), le docteur désigne du doigt des poches noires : « Vous voyez ici, cela devrait être rempli d’eau et il n’y a que du cordon ».
Cette fois c’est sûr, on ne rentrera pas à la maison, je vais recevoir une injection d’ocytocine pour lancer le travail et me faire accoucher le lendemain à l’arrivée de mon gynéco. Je songe à ma bonne purée qui n’a pas fini de cuire. Lors des cours, on nous avait dit que je n’aurai pas faim quand le travail aura commencé, tu parles, j’ai les crocs !
On remonte chercher nos affaires dans la seconde pièce et on nous conduit à ce qui va être ma chambre, la n°108. Tandis que le Chti part récupérer dans la voiture ma valise pour le séjour, je mets la tenue prévue pour l’accouchement et installe dans le berceau les affaires sélectionnées avec amour pour habiller Mogwaï à sa sortie, sa toute première tenue !
Il est 23h passée, nouvelle salle, de travail celle-là. La table avec ses étriers fout un peu les jetons. J’étais pressée que Mogwaï arrive, curieusement je le suis BEAUCOUP moins maintenant. Voir plus du tout. Finalement on était bien comme ça, en mode baleine échouée ! Je surkiffe la grossesse ! Si ! si !
Je suis toujours installée sur le côté pour éviter d’avoir trop mal au dos. Le Chti tient le capteur de contraction sur mon ventre. Les contractions commencent à être un peu désagréables. La sage-femme m’ausculte, le col a bien bougé depuis le début de la soirée et est maintenant ouvert de 3cm. Le travail a commencé tout seul pour de bon. Elle appelle l’anesthésiste à ma demande. Je me sens fatiguée.
Le Chti est mis dehors le temps que l’on me fasse la péridurale, mon dos est désinfecté, je fais le dos rond, on me pique, je souffle, on me déscotche, je souffle. Le Chti revient. Je commence à trembler des jambes. Je dois m’allonger sur le dos pour que la péridurale fasse effet.
Le cœur de Mogwaï ne supporte plus les contractions, quelque soit ma position, même sur le côté. La sage-femme décide de perforer la poche des eaux pour accélérer le travail. Elle l’avait senti pleine lors du dernier examen mais elle ne la trouve plus. Finalement elle perce et un peu d’eau s’écoule. Elle est méconiale. Mogwaï a lâché ses premières selles (le méconium) dans mon ventre. Au vu de la situation, entre le rythme du cœur de Mogwaï défaillant et le liquide teinté, il y a trop de risques. La décision ne tarde pas : une césarienne en urgence.
Je ne discute pas, j’ai la trouille qu’ils sortent Mogwaï trop tard, je voudrais qu’ils m’ouvrent ici le plus vite possible. Je veux juste avoir le Chti à mes côtés. La sage-femme sort déclencher une alerte au-dessus de la porte. Elle revient me déshabiller totalement (au temps pour mes chaussettes Beetlejuice). Des infirmiers me déplacent sur un brancard. Le gynéco se prépare pour le bloc. Le cœur de Mogwaï bat irrégulièrement en fond sonore. Au fond de la salle, le Chti est à l’écart de l’agitation, impuissant. Un dernier regard. Il cligne des deux yeux pour me rassurer, comme avec Plume.
Le plafond défile au-dessus de moi. Je pars vers une nouvelle salle. Encore. Minuit va arriver. Ce sera pour le 26. Quoiqu’il arrive…
***
► Lire la troisième partie