Lundi dernier, avant le réveil de Lucie, je procrastinais tranquillement sur mon téléphone depuis le petit coin. Profitant du bon sommeil de ma fille, je m’informais sur les nouvelles du monde en-dehors de mon petit chez-moi, quand je suis tombée sur ce titre : « Pourquoi mon ado est-il juste comme les autres ? ».
Curieuse et intriguée, je clique sur cette article de Madame Figaro, m’attendant à un sujet expliquant le besoin des adolescents de s’assembler et de se ressembler, de former des tribus partageant les mêmes passions. Bref quelque chose de léger.
J’aurai été en train de siroter un café dans un joli mug au filtre sépia que je l’aurai probablement recraché d’indignation sur mon téléphone ! Il faut dire que l’introduction tape fort:
« Il passe du canapé à l’ordi, elle est accro au nail art et glose en boucle sur son gloss… Pas de panique ! Face à l’ado lassant nourri à la culture geek ou girly, il est néanmoins possible de positiver…
Ils ou elles sont accros aux nouvelles technologies, à la sous-culture jeune, au shopping, aux tutos de maquillage mais ne deviennent jamais ces blogueurs, ces youtubeurs ou autres e-entrepreneurs à succès dont on nous rebat les oreilles. Eux ont su transformer leur vice en vertu… Qu’attendent nos petits chéris ? On se le demande et on a des suggestions à leur faire… »
Mais ce n’était encore qu’une mise en bouche comparé au reste ! L’article saute allègrement de préjugés en caricatures sur un ton badin qui se veut humoristique (enfin je crois ?).
Je vous avoue que parvenue au passage sur les gameurs, je me suis même demandée si je n’avais pas mal lu l’émetteur de ce sujet et je me suis demandée si je ne me trouvais pas en réalité sur un excellent pastiche du Gorafi Madame ! Sauf que non…
Alors certes, je n’attendais pas grand chose du Figaro Madame, ce magazine pour lequel j’ai beaucoup d’indulgence en souvenir de mes tendres années où j’y retrouvais avec plaisir les Triplés de Nicole Lambert. Après tout le journal de Serge Dassault n’est pas connu pour sa grande ouverture d’esprit ou son « avant-gardisme » culturel, mais autant d’attaques ouvertes et purement gratuites m’ont juste fait halluciner !
« on ne le soupçonnait pas, mais il y a des garçons qui arrivent à transformer cet esclavage [ndlb : les jeux vidéos] en vrai job… Ça s’appelle faire gamer professionnel et devenir un champion de e-sport. Certes, les tenants de cette discipline sont souvent des Coréens trop grassouillets, mais bon, ces gamins attardés font au moins quelque chose de leur compétence de sniper ou de chauffard virtuels »
Et le pire c’est que, à part un commentaire aussi estomaqué que moi, ce papier est passé sans bruit ni remous sur le web ! Sérieusement ???
En 2016 après les succès cinématographiques du Seigneur des Anneaux, de Harry Potter, de Narnia et de tant d’autres, je pensais que l’heroic fantasy était dorénavant un genre à part aussi bien considéré que le roman policier historique ! Mais non ! À quel vilain « truc de boutonneux accros aux maths » mon père m’a initié enfant ! Honte à lui ! Et il avait plus de 42 ans en plus à ce moment là ! Un homme irrécupérable Maman, je suis au désespoir de devoir te le dire !
Alors comme il n’est pas juste qu’il n’y ait que moi qui m’étouffe d’indignation devant cet article, bonne lecture à vous !
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Il ne lit que de l’heroic fantasy
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Elle collectionne les vernis à ongles (un petit coucou aux passages aux blogueuses beauté aliénées qui apprécieront)
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Il joue tout le temps à Starcraf II (ma préférée)
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Elle adore les « zanimaux » mignons (je pense que cet item a été mis par dépit, il fallait trouver un autre pendant « féminin »)
Par ce long billet (pfou ça soulage), je ne souhaite nullement jeter au pilori le journal ou sa journaliste, c’est selon moi juste une preuve qu’ils sont malheureusement terriblement « attardés » (au sens de « en retard sur leur époque » et non « déficient sur le plan intellectuel » – comme eux n’hésitent pas en revanche à qualifier les gamers pro…).
En conclusion à mes propos, et en clin d’œil à la célèbre devise du Figaro (empruntée à Beaumarchais), je souhaite mettre en exergue un autre extrait issue de la même pièce :
« Je ne dispute pas de ce que j’ignore. »
Le Mariage de Figaro, Acte IV, Scène 6