Le Chti est loin d’être le « Papa parfait » des temps modernes, et il le sait.
Le nombre de fois dans l’année où il s’est levé pour gérer sa fille adorée, durant la nuit ou le petit matin, afin de laisser sa femme chérie se reposer, doit se compter sur les doigts de la main. Le dernier biberon qu’il lui a donné date probablement de l’époque immémoriable où elle ne savait pas encore marcher. Depuis la dernière fois où il est venu au parc avec nous, Lucie a appris à monter seule sur les deux petits toboggans, fait de la grande balançoire et parcourt avec assurance et seule toute la clairière du parc malgré les marches, les pentes âpres, les viles cailloux épars et les trous des racines des arbres.
Bref ce n’est pas le Papa « moderne » tant célébré et vanté aujourd’hui un peu partout mais à côté de ce qu’il ne fait pas, il y a aussi tout ce qu’il fait pour sa fille. Tout ces moments de complicité, ces regards plein de fierté et d’amour, ces jeux endiablés, ces rides de soucis et d’inquiétudes à chaque bosse, ces journées loin de nous à travailler pour nous, ces pains frais sortis du four à minuit pour les petit-déjeuners de ces mesdames, mille petites et grandes choses qui contribuent aux sourires de Lucie (et aux miens, Maman non parfaite de mon état).
Aussi Lucie ne s’y trompe pas, si Maman gère le quotidien en « parent par défaut », Papa est là pour elle et l’heure de son retour est tous les jours une immense fête…
Alors bonne fête Juju de la part de ta petite fille !
Étiquette : mon Chti
ACTE I, SCÈNE 1
Deux mamans cheminent de concert avec leurs enfants, le petit C. (4 ans) et la petite L. (17 mois).
Le petit C. a trouvé sur le chemin deux grappes de deux petites cerises et essaye de les mettre à ses oreilles.
MAMAN DE C., affectueusement. — Mais les boucles d’oreilles c’est plutôt pour les filles mon chat !
MAMAN DE L., vivement. — Mais non ! Le Papa de L. a une boucle d’oreille !
MAMAN DE C., gênée. — Euh… les boucles d’oreilles… de cerises sont plutôt pour les filles !
MAMAN DE L., abasourdie. — … !?!
Ce matin je me suis réveillée amoureuse, toujours. Que ce soit à 4h quand j’ai dû me lever pour nettoyer le vomi de Plume et qu’à mon retour sous le drap, il est venu, assoupi, me prendre dans ses bras pour me serrer contre lui, ou à 8h du matin quand Lucie m’a appelée pour le biberon du matin et qu’il était déjà parti, en catimini, pour le travail.
Pourtant nous sommes plus fatigués qu’à nos vingt ans, plus soucieux aussi avec les responsabilités qui se sont accumulées depuis la naissance de Lucie. Il a fallu construire un nouvel équilibre à trois, le temps pour nous s’est réduit comme peau de chagrin et nous traversons chaque évolution de Lucie comme un grand huit : des coliques à ses sourires et câlins, des dents à ses premières fois.
Il a fallu également que je m’habitue à ne plus être l’unique reine du cœur de mon Chti, il y a maintenant une concurrente de taille ! Cette petite princesse qui le fait sourire dès qu’il franchit le seuil de la porte le soir, chassant de son cri de joie tous les nuages du travail.
Mais notre moment à nous, ma dose de Juju nécessaire pour une journée, c’est le soir, c’est la nuit. C’est papoter ensemble tandis qu’on se lave dans l’eau gelée du bain de Lucie, trois heures après elle. C’est avoir un gros fou rire en constatant que, tandis que nous nous lavions, Plume avait vomi sur notre couette (et à ma place) avant d’aller se coucher l’air mi-penaud, mi-désolée au pied du lit (oui deux fois dans la même nuit, vive la saison de la mue). C’est se battre en pouffant pour savoir qui aura à ses pieds la partie de la couette avec ce doux parfum millésimé 2016 « thon en croquette ».
Merci mon Ju d’être là pour moi, pour nous.
Juin 2007, nous allons fêter nos deux ans de couple. J’ai passé mes partiels avec succès, lui termine son stage de 4ème année. Comme une fois par mois, il est descendu du Pas-de-Calais pour passer une journée avec moi sur Paris.
Soucieuse de lui plaire et de l’épater, je veux l’emmener visiter un quartier de Paris que je viens de découvrir mais, comme d’habitude, je me suis perdue ! Les pieds fourbus, nous nous réfugions sur un banc dans le parc de Bercy. Nous lézardons tranquillement, collés l’un à l’autre, quand un couple de touristes s’arrête…
Après un début de week-end en jeun forcé à vider tripes et boyaux, le Chti espérait ce dimanche soir un peu de repos durement mérité afin de tenir la semaine. C’était sans compter sur sa ravissante épouse, a.k.a. la tenancière de ce blog… Je suis un monstre… Et trois fois s’il vous plaît !
Mais pour ma défense, quelques heures avant, Lucie était dans le lit…
N.B. : je précise pour ajouter au côté surréaliste de ces réveils en panique que nous n’avons jamais pratiqué le co-dodo. Lucie dès sa naissance a dormi seule, d’abord dans une couveuse en néo-natalité puis dans son lit à l’autre bout de notre couloir.
C’était une nuit comme les autres, les laudes n’avaient pas encore sonné que Plume appelait pour son en-cas de mi-nuit… … mon devoir accompli, je me jetais dans le lit, replongeant avec délice dans les bras de Morphée…… le Chti à demi-assoupi entrouvrit l’œil en m’entendant m’élancer…… et… Quelques explications après…… et les émotions passées…… nous nous rendormîmes pour le reste de la nuit et mon cerveau tâcha d’oublier ce malencontreux incident… Mais c’était sans compter sur mon Chti qui aime me remémorer mes grands moments de gloire…Voilà voilà… Je brutalise mon mari en dormant…
Aujourd’hui, cela fait officiellement 10 ans, 10 ans que j’ai embrassé pour la première fois mon Chti dans un recoin de la Gare du Nord. Le temps a tant passé depuis… de deux grands adolescents saisis par leurs premiers émois, nous sommes devenus deux adultes (même plus jeunes !)
Quand je l’ai connu mon Chti, il n’avait que trois poils au torse en plus de ses poils au menton, aujourd’hui je m’endors sur une poitrine bien plus velue et c’est un homme barbu que j’ai dans mon lit… Moi aussi j’ai changé je peux dire, plus ronde, plus ridée et plus poilue encore !
Mais une chose n’a pas changé : je me réveille toujours amoureuse de ce garçon dans mon lit. Je suis toujours folle de son sourire craquant et de ses yeux rieurs, sa tendresse dissimulée derrière un masque moqueur me fait toujours autant fondre. Je suis heureuse avec lui, et d’autant plus à le voir s’épanouir dans son nouveau rôle de Papa.
Ensemble nous sommes devenus adultes, ensemble nous avons traversé le monde, ensemble nous avançons dans la vie…