J’ai une théorie selon laquelle la fin de grossesse est détestable pour qu’à ce stade l’accouchement semble enviable… Et quand on y songe, j’approche de la fin de cette grossesse…
Étiquette : mon Chti
Il était attendu ce Papa : au bout de trois jours (en fait dès la case avec l’activité « âne » cochée) Lucie a tenté de le faire venir plus tôt avec nous en cochant directement la case « Papa arrive » sur son petit calendrier.
Il nous a fait la bonne surprise de débarquer dans notre bout du monde le vendredi soir au lieu du samedi matin prévu (ce type voudrait me cocufier que je porterai des magnifiques bois de mégacéros sans même en avoir conscience…) Ironiquement je venais de souffler ma mère que je pensais pour une fois voir Lucie s’endormir avant minuit vu son état de fatigue dans l’après-midi…
Autant dire que quand son Papa débarqua à l’heure du coucher, il ne fut plus question de dormir ou d’aller au lit…
Elle ne le lâcha pas de la soirée, ivre de joie, et il me fallut le lendemain matin monter la garde devant la porte de notre chambre pour laisser un peu de repos au voyageur avant de lui lâcher les monstres enfants pour le réveil…
Nous ne sommes pas tous égaux face à la chaleur et dans notre petite famille il est clair que nous n’avons pas le même métabolisme du tout !! Nous avons actuellement 28° dans notre appartement, nous ne pouvons pas aérer en journée tellement l’extérieur est pire et nous n’ouvrons pas la nuit à travers le volet car en rez-de-chaussée.
Malgré ça chaque soir Lucie me demande…
Quant à son père…
Et moi pendant ce temps-là, je suis comme la banquise…
L’été n’est vraiment pas ma saison idéale pour une grossesse !!
Il y a 4 ans j’étais enceinte d’un petit Mogwaï et j’espérais avoir un petit garçon (idéalement : son père en miniature ! Le comble du mignon à mes yeux enamourés). C’est avec plaisir que j’ai d’ailleurs appris la première estimation du sexe (et la seule pendant longtemps) qui allait en ce sens du petit garçon désiré.
Pourquoi voulais-je particulièrement un garçon ? Je me disais peut-être que ce serait le plus simple pour moi, en tant qu’ex-garçon manqué/fille ratée… Ma plus grande trouille était d’avoir une petite fille ultra-branchée princesses, paillettes et rose… Le cliché de la petite fille auquel j’étais totalement allergique !!!
Sans oublier que si être une fille en France est déjà mieux qu’être une fille dans ces pays où elles sont tuées avant même la naissance ou traitées comme des marchandises après, la situation en France n’est pas non plus tout à fait la même entre homme et femme. Outre le salaire, je pense qu’on a toutes eu notre lot de gros lourds, de frotteurs indésirés et de pervers menaçant (au mieux). Si être un garçon n’immunise pas totalement contre cela, toujours est-il qu’il sera moins exposé globalement. Et mieux payé.
Et puis à quelques mois de la naissance, le petit garçon est devenu une petite fille. Le temps de la surprise passée, on s’est vite fait à l’idée et elle est devenue notre précieuse petite crevette. Petite crevette qui depuis a bien grandi et si effectivement elle adore les robes et les jupes qui tournent, elle ne crache pas pour autant sur un bon t-shirt avec un jean bien costaud pour aller courir dehors, taper dans la balle, escalader ou foncer en trott’.
Depuis que Lucie est petite, j’ai voulu ne pas la limiter dans les stéréotypes de son genre et j’ai sauté à la gorge de toutes les personnes la renvoyant forcément uniquement aux « trucs de filles ». Pour moi il est important qu’elle sache que tout lui est possible, au même titre qu’un garçon ou n’importe qui d’autres.
De toutes façons, je ne suis pas un parangon de ce qui est prôné par notre société comme LA féminité : jamais maquillée, privilégiant le confort à la tendance, piètre cuisinière, encore pire ménagère, … Le summum de l’horreur : au concours d’aisselles poilues à la maison, je gagne haut la main devant son père !
Au final, j’ai trouvé mon point d’équilibre avec Lucie. C’est pourquoi quand la sage-femme nous a annoncé cette seconde petite fille, j’étais plutôt confiante de savoir gérer. Je n’ai plus peur d’avoir une princesse ou une poupée car quoiqu’elles aiment, quoique soient leurs passions, je serai là pour leur dire qu’elles ont le droit de tout faire… Chez nous ce sera girl power dans quelques mois !
Eh oui ! On a des enfants farceurs, comme sa sœur avant lui, Chti-Rex a joué un peu avec nous avant de se révéler ! Pile quand on avait trouvé le prénom pour une fille, voilà qu’il faut reprendre !
Sauf que d’un coup je me retrouve avec un petit homme à élever ! Et si pour une femme, je me sens finalement compétente avec ma propre expérience, qu’en sera t’il pour un petit garçon ? Saurai-je trouver la juste mesure pour passer outre les stéréotypes virilistes auxquels il sera confronté ? Saurai-je le laisser se développer sans plaquer sur lui un modèle testoronné ?
Il n’est pas encore né que je vois arriver l’autre côté de la balance : taper ma fille n’est pas correcte car c’est une princesse fragile, mais cela sous-entend que taper mon fils serait correct ? Et en y réfléchissant, si pour Lucie je peux dire facilement « tu peux tout faire ma fille », pour son frère je sais que cela sera faux… Ne serait-ce que vestimentairement parlant : si je pique jusque là allègrement sans distinction des deux côtés des rayons pour enfants, si Lucie peut tenter toutes les couleurs et s’amuser avec ses robes et ses jupes qui tournent, au XXIe siècle en France c’est plus difficile pour un garçon de faire de même…
Mais je sais que, comme pour Lucie, je trouverai in fine un équilibre pour laisser mon petit garçon se développer comme il veut, et non pas en caricature. Et puis pour élever ce futur petit homme, je ne suis pas toute seule : il y aura son Papa. Et moi ce Papa je le trouve pas si mauvais modèle d’homme vu que je l’ai épousé ! Sans oublier sa sœur qui sera là pour lui montrer que les filles sont tout autant capables !
En attendant, à la maternité, il sera temps de venger sa sœur…
Il y a des moments dans une vie qu’on a pas envie de connaître. J’ai toujours eu le cœur serré quand je vois dans la rue les trop nombreuses affichettes pour chat ou chien perdu, ou quand je lis sur Facebook les signalements type Pet-Alert. Je garde toujours un œil d’ailleurs sur les animaux que je croise (c’est comme ça que Lucie m’a découverte à la sortie de son école il y a quelques semaine avec Fripouille, une labrador noire perdue).
Mais jamais, ô grand jamais, je n’aurai pensé être celle qui, un jour, colle ses affiches dans la rue et dans les halls des immeubles alentour, le cœur tremblant d’espoir et de peine.
Nifhel rentre tous les soirs dormir avec nous, il est castré et n’est pas fugueur de nature. Aussi quand nous ne l’avons pas vu revenir ce dimanche-là, nous avons tout de suite su qu’il lui était arrivé quelque chose de grave… Les jours passaient dans une attente interminable. Si côté positif aucun chat n’avait été trouvé écrasé, aucun vétérinaire ne l’avait reçu non plus comme aucun voisin ne l’avait vu. Il avait tout simplement disparu !
Notre quotidien s’est comme arrêté ce jour là. Nous sortions chaque matin. Je patrouillais avec Lucie en journée autour de chez nous, nous avions bardé le voisinage d’affichettes, et chaque soir au retour du boulot le Chti partait marcher des heures dans la forêt voisine ou les autres quartiers de la ville… Le Chti et moi dormions dans le salon sur notre ancien canapé-lit, la fenêtre entrouverte, et à chaque réveil nocturne nous sortions appeler et essayer d’entendre dans le silence de la nuit un miaulement éventuel de Nifhel…
Le thermomètre montait au fur et à mesure et nous imaginions le pire, les jours s’égrainant toujours sans aucunes nouvelles…
Tandis que son père et moi étions totalement effondrés et faisions rêves déçus de son retour sur cauchemars de lui affaibli/blessé/volé voir de fausses couches suite au stress. Lucie de son côté a été hyper courageuse : elle attendait pleine de foi son copain, pestant de son retard…
Chaque sortie pour l’école était mon chemin de croix : Lucie s’arrêtant à chaque affiche pour me montrer son « Nifhel qui est perdu, Papa et Maman sont tristes »…
Sauf que les miracles arrivent ! Notre chat, comme notre fille, doit avoir une bonne étoile ! Six longs jours après sa disparition, lors de ma sortie de 4h50 en pyjama, ce moment dont on avait rêvé tant de fois arriva pour de vrai !!
À peine sortie de mon hall d’immeuble, avant même que je n’ai eu le temps d’appeler, une petite boule de poils se précipita vers moi dans la nuit en miaulant. MA petite boule de poils !! Amaigrie, assoiffée, le poil court, des selles collés aux fesses, la queue cassée, mais… MA petite boule de poils !! Je l’ai pris dans mes bras les yeux brouillés de larmes, il miaulait, je pleurais, il miaulait, je pleurais, bref on a réveillé toute la maisonnée avec notre boucan !
Une fois Nifhel désaltéré et rassasié d’un premier repas frugal, nous nous sommes retrouvés tous les 4 à 5h du matin dans notre grand lit et il allait de l’un à l’autre en ronronnant et nous couvrant de câlins, escaladant la poitrine de Lucie pour se frotter contre sa tête. La vie reprenait chez nous !
Cela va bientôt faire 20 ans que je vis avec des chats, soit presque les deux tiers de ma vie, j’en ai vécu des choses avec eux ! Mais là, en un mois, Nifhel a décidé de battre des records ! Entre l’ulcère de la cornée et sa disparition pendant six jours, enfermé sans nourriture ou eau chez un voisin absent, j’estime que j’ai eu mon quota pour 20 ans !!
Dans tous les cas nous avons décidé de ne pas laisser les choses au hasard et, le jour même de nos retrouvailles, nous lui avons commandé un traceur GPS pour nous rassurer…
Enfin… rassurer…
Il y a peu d’articles que je prépare, mais celui de l’anniversaire de notre rencontre est un rendez-vous annuel que je n’oublie jamais. Cette année encore l’article était prêt à la date mais il est resté dans les brouillons : avec la disparition de Nifhel nous n’avions pas du tout la tête à la romance.
Je le déterre néanmoins (ça me frustre légèrement à la longue de voir un brouillon fini mais pas publié) et je l’antidate pour le laisser à sa date de publication initiale. Cette méthode totalement anti-audience va, à mon avis, arranger le Chti qui déteste la guimauve amoureuse !
***
Treize ans se sont écoulés depuis ce petit matin frais sur les quais de la Gare du Nord… Que d’eau ont coulé sous les ponts depuis ! Ma grande nièce va dans seulement cinq ans avoir le même âge que nous en ce jour que j’ai marqué à jamais d’une pierre blanche !
Ça me semble être un autre monde… Un autre monde en 256 kbit/s où on pouvait attendre transie d’impatience son amoureux sur les quais d’une gare, un monde où Plume venait tout juste de débouler avec son museau rose dans ma vie, un monde où je n’étais toujours qu’une vieille adolescente profitant de la douceur du nid parental.
Un monde qui me semble si loin aujourd’hui ! La vingtaine a défilé à toute allure entre boulots, apparts, neveux, mariage et enfant. Enfant que notre trentaine débutante va bientôt conjuguer au pluriel…
Mais dans ce monde qui a tant évolué, des choses n’ont pas changées. Je reste cette fille au sourire idiot sur le visage et au cœur sautant de joie quand je le retrouve chaque soir. Je reste cette fille qui a irrésistiblement envie d’embrasser ses lèvres et qui ne peut vivre sans le harceler de 36 messages par journée.
Si je ne suis plus celle qui hurle son prénom et court dans ses bras (il détestait quand je faisais ça !), je suis la mère qui suit cette fillette se ruant dans ses genoux en hurlant « Papaaaa » (curieusement ça il aime bien – bouuuh favoritisme !).
Joyeux treizième anniversaire mon amour !!
(Oui… ma fille est aussi peu démonstrative que son père, sauf – comme son père – avec son chat naturellement !!)
Cela faisait plus d’un mois que Lucie préparait avec ses maîtresses son spectacle de fin d’année. Elle était impatiente de nous le montrer, elle se réveillait chaque matin en me demandant où était Papa, pourquoi il n’était pas là, il allait rater son spectacle !
Le jour J arriva enfin ! Le Chti avait posé son vendredi pour ne pas rater l’évènement et à 16h30 nous faisions la queue devant les grilles de l’école. L’ambiance n’était pas à la convivialité, mais plutôt à la guerre, comme un premier jour des soldes au Cora de Villeneuve d’Ascq…
Je m’y attendais et m’étais préparée à mener cet assaut avec toute ma poigne de sale parisienne, étant allée l’année dernière voir le spectacle de l’amie de Lucie. On est très loin de l’organisation des spectacles de mes neveux dans le Pas-de-Calais où les enfants sont sur une estrade et représentent deux fois leur chorégraphie (une seconde fois spécialement pour permettre aux parents de prendre des photos), chez nous c’est sans estrade et tout le monde compacté en rang d’oignons !
Sauf que j’ai eu le tort de faire confiance au gentil, doux et discipliné Chti pour réserver nos places tandis que je déposais Lucie dans sa classe auprès de son ATSEM Nathalie… Il s’installa tout sagement au quatrième rang sur le bord, pensant que cela suffirait… Innocent garçon culminant 25cm au-dessus de ma tête courte sur pattes…
Bref j’ai vite compris que si je voulais voir ma bouclée (qui heureusement passait en première avec son groupe !), il fallait que je squatte accroupie les devants de l’allée latérale, derrière la corde et au milieu des grands frères et grandes sœurs particulièrement agités…
Ce fut une longue longue demi-heure d’attente mais l’enjeu en valait largement la chandelle et mon petit cœur tout mou de Maman s’est totalement emballé quand j’ai vu la petite troupe des filles de Toute Petite Section sortir des coulisses deux par deux derrière leur maîtresse, Laure, dans leur petite tenue de Boucle d’or !!
Je dois avouer que j’ai eu un peu de mal à prendre les premières photos avec ma vision trouble (les hormones, le soleil, une poussière dans l’oeil, toussa toussa quoi…)
Lulu a été à mes yeux la plus radieuse des Boucles d’or ! Totalement investie, hyper souriante, d’une énergie joyeuse, elle tirait sa partenaire et les autres dans son élan virevoltant !
Ses maîtresses et son ATSEM ont vraiment bien su gérer leur petite équipe, et Lucie a vraiment, elle aussi, bien travaillé avec toute sa passion !
Ce seront des souvenirs précieux dans mon petit cœur de Maman tout mou tout mou – et ce même si le Chti s’est bien payé ma tête quand il a fallu que la baleine échouée sur le sol se remette debout au milieu des enfants hyper vifs…