La petite Venise de l’Orient

上有天堂,下有苏杭
shàng yǒu tiāntáng, xià yǒu sū háng

« Il y a le paradis au ciel. Et sur terre, il y a Suzhou et Hangzhou. »

Le soleil caresse nos visages, j’étire mes jambes machinalement. Plus que trois jours en Chine… Nous profitons un peu de la matinée avec les enfants et Vincent avant de partir tous les trois, Vincent travaille ce samedi pour compenser le pont du 1er mai. Le Chti et moi partons de notre côté pour la gare de Hongqiao (« pont de l’arc-en-ciel »), notre train part à 9h09. En réalité, évènement exceptionnel paraît-il, notre train a 25 minutes de retard.

Suzhou, ville de jardins et d’eau

Au programme du jour Suzhou, une des plus anciennes villes du bassin du Yangzi Jiang (le Fleuve Jaune). Je glane quelques informations dans mon guide pendant le trajet: la ville a toujours été très prospère grâce au commerce de la soie. Longtemps appelée capitale de la soie, la route de la soie commençait à Suzhou. Marco Polo, dans le récit de son voyage Devisement du monde, raconte que Suzhou compte plus de 6000 ponts sur ses canaux (je vais fouler le même sol que Marco Polo !). La ville est traversée par de multiples canaux sur lesquels les ballots de marchandises étaient acheminés. Au temps de sa splendeur Suzhou comptait plus de 260 jardins privés, aujourd’hui une douzaine de ces jardins sont ouverts au public dont huit sont classés au patrimoine de l’Unesco. Les noms de ces jardins sont plein de promesse et de mystères. Mes préférés : le jardin de l’Humble Administrateur, le jardin de la Forêt du Lion, le jardin du Maître des Filets, le jardin du Pavillon des Vagues, le jardin de la Montagne étreinte de Beauté, le jardin Attardez-Vous et en dernier, mon chouchou, le jardin du Couple retraité.

Notre train entre en gare avec 50 minutes de retard cumulé, mais il en faut plus pour attaquer ma bonne humeur ! Le soleil est au rendez-vous et le programme alléchant. Trente minutes plus tard, nous sommes encore en train de tourner dans la gare et à chercher une indication ou un sens pour nous diriger et rejoindre la vieille ville. Ma bonne humeur est légèrement égratignée, mes mollets sont toujours fatigués de la Grande Muraille. De guerre lasse, nous nous résignons à prendre le taxi. Heureusement que les guides indiquent le nom des monuments en chinois, c’est mon unique moyen de me faire comprendre.

Première visite pour le Temple du Nord, nous prévoyons d’enchaîner sur le musée, des jardins et la grande rue commerçante Pingjiang Lu. Nous avons jusqu’à 16h30 pour nous balader dans la ville.

Premier aperçu du Temple

Fondé au 3ème siècle pendant la période des Trois Royaumes, ce temple bouddhiste était un hommage du roi Sun Quan à sa maman (véridique, désolée maman mais moi j’ai pas les mêmes moyens !). Reconstruit de multiples fois, il est aujourd’hui la plus haute pagode de la région et culmine à 76m de haut. Il compte 9 étages, chiffre très utilisé en Chine car homonyme en chinois du mot « durable » et associé aux dragons (à l’inverse du chiffre 4, homonyme du mot « mort » ; raison pour laquelle les étages en Chine saute le chiffre 4 et passe donc du 3e étage au 5e, du 13e au 15e, etc.). Au bout de chaque pans de toit, les cloches tintent à chaque frémissement de vent, leurs sons sont sensés attirer les bons esprits. A l’entrée du temple un Bouddha rieur accueille les visiteurs, son ventre et sa bonhomie symbole de prospérité.

Lâchement nous ne faisons que nous promener autour de la pagode, profitant de la paisibilité de son parc. Je commence tout juste à pouvoir aligner deux pas sans grimacer de douleur, il faut préserver mon capital genoux !

Une fois sortie du Temple, il faut à nouveau marcher à travers la ville et sous un soleil de plomb pour rejoindre le reste de la zone touristique ancienne. La transition se fait en douceur avec le musée de Suzhou, inauguré en 2006. Musée dont les plans ont été tracé par Ieoh Ming Pei, architecte réputé qui a commis entre autre la si controversée pyramide du Louvre. Le plan reprend les proportions des maisons blanches et grises traditionnelles de Suzhou. Nous profitons de son jardin, constitué d’un grand bassin, pour nous reposer à l’ombre du petit pavillon rafraichi par un léger souffle de vent qui agite les bambous derrière nous. Goguenard, nous observons un touriste cherchant à récupérer à l’aide d’une épuisette la paire de lunette de soleil qui avait sombré suite à un mouvement maladroit.

Et avec 700 bonsaïs, il a du boulot l’Administrateur !

Nous nous retrouvons à nouveau dans la rue, le soleil est toujours aussi fort, nous cherchons encore une fois notre chemin. Nous trouvons l’entrée du premier et du plus grand jardin de Suzhou, le jardin de l’Humble Administrateur. Son nom est une allusion à la phrase du lettré Pan Yue « Cultiver son jardin et vendre sa récolte de légume… est la politique de l’homme humble« , soit grosso merdo: pour terminer sa vie paisiblement, concentre-toi sur ton jardin, loin de la politique.
Le parc est immense, plus de 5ha. Sans plan, je m’y suis (aussi) perdue et n’ai pas pu réussi à faire le lien entre les éléments d’explications du guide et ce que nous voyons. J’ai pourtant beaucoup aimé me promener dans ces allées sinueuses et fraîches où à chaque détour se trouve une nouvelle surprise. Nous avons savouré ces moments de quiétude, malgré le monde qui se pressait autour de nous.

Devanture d’une boutique

Mais tandis que nous cédons à l’oisiveté, le temps tourne. Il faut repartir, cette fois nous sommes à la recherche de Pingjiang Lu. Je suis de plus mandatée pour trouver des petites cuillères en bambou dans une boutique de cette rue ! Comme toujours, la route pour l’atteindre sur le plan semble facile et rapide, en vrai après quelques retours sur nos pas et quelques hésitations devant l’air en ruine de la rue que nous devions emprunté, nous sommes arrivés dans la partie chic de Pingjiang Lu. La rue est effectivement pimpante, les boutiques sont nombreuses et attirantes, et les nombreux passants flânent avec nous.

Remonter les rues piétonnes pour un taxi

Mais il est 16h, déjà. Il faut retourner à la gare, remonter la rue pour trouver un taxi. Nous nous pressons au nord pour sortir de la vieille ville dont les rues sont interdites au voiture. Tous les taxis que nous croisons sont pris. Le temps tourne et l’heure avance. Je commence à m’inquiéter et essaye de trouver un bus, cependant dans une liste de 40 noms uniquement en idéogramme chinois, comment retrouver celui qui correspondrait à la gare (苏州站) ?! Sous l’emprise de la panique et malgré nos répulsions face à ce moyen de transport étrange, nous cédons enfin au démarchage insistant d’un chauffeur de pousse-pousse qui propose de nous y emmener. Mais ça c’est toute une histoire à part entière !

30 commentaires sur “La petite Venise de l’Orient”

    1. Merci ! Même si je n’ai pas beaucoup de mérite, les coins touristiques de cette ville sont juste magnifiques !

    1. Nous sommes partis avec l’énorme regret de n’avoir pu faire qu’un seul jardin dans la journée. Mais on y a passé avec délice plusieurs heures à trainer tellement on était bien !

    1. Je suis vraiment contente que tu aimes, je passe 10h à tout choisir et réduire et renommer mais j’ai peur d’ennuyer en mettant 50 photos à la suite >_<

      1. j’avoue que ça manque de photos de vous… si t’en as deux ou trois qui traînent, n’hésite pas à me les envoyer par mail !!! Je VEUX une preuve que vous étiez vraiment en Chine… oh oh… ça sent la magouille en fait… ça sent l’espionnage industriel !!! Dé-mas-quée !!! Hahahahahahahaaa a aa… oulala, je manque de sommeil je crois !

        1. Ah ah ! Tu n’as pas bien vu alors 😛 Il y a une photo dans toutes celles que j’ai publié où on voit le Chti ! 🙄

          1. Quoi ????????????? Putain, c’est le début de la fin !!! Je deviens myope ! Je m’y replonge dès que j’ai publier la fin de ton tag !!! Si si… promis !!! Dans quelques minutes…

    1. De rien !! Je suis super contente de pouvoir raconter mes souvenirs, ça prolonge le voyage… Et puis quand je serais vieille et édentée et que j’aurais tout oublié, je m’y retrouverais aussi 😀

    1. Extrêmement ! Mais c’est aussi un peu ce que j’étais venue chercher pour ma part (le Chti lui n’en demandait pas tant). Là-bas tu trouves des trucs super modernes à côté d’archaïque. Tout les 500m il y a des toilettes publiques, où tous les matins les habitants vont vider leur pots de chambre par exemple…

    1. Aaah pour le pousse-pousse ce sera la prochaine je pense ! Je te jure qu’après le mur, c’est le truc où on a eu le plus d’émotions 🙄

    1. Je pense que c’est mon deuxième coup de coeur après la grande muraille. Même si j’ai vraiment un gros regret de ne pas avoir pu en voir plus.

  1. Ping : Faut pas pousser le pousse-pousse ! | Ragnagna des Bois Jolis

  2. C’est là qu’on voit que je lis tout à l’envers puisque je viens de lire la suite et l’histoire du pousse-pousse !
    En tout cas de magnifiques photos, ça donne vraiment envie d’y aller 🙂

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