En Bretagne, il y a mon pays de coeur : l’Armor (pays près du littoral) mais aussi l’Argoat (pays du bois/du bocage) avec lequel je suis beaucoup moins familière. Aussi c’est avec beaucoup de curiosité que j’ai découvert, avec la petite tribu de Blibli et Spunky, un bout des chemins de halage du canal Nantes-Brest.
L’idée de ce canal émerge dès le rattachement de la Bretagne à la France, au XVIe siècle, de désenclaver et développer la Bretagne centre grâce à une voie navigable la traversant de part en part. Faute d’argent et de suffisamment d’intérêts motivés, le projet est reporté et reporté et reporté indéfiniment jusque sous le règne de Napoléon où il devient un enjeu stratégique majeur. Brest et Lorient subissent un blocage maritime incessant de la flotte anglaise et sont totalement paralysées, sans approvisionnement en armes ou provisions.
Le projet est confié à l’ingénieur Guy Bouëssel en 1803. Huit rivières doivent être canalisées et trois montagnes traversées entre Nantes, Lorient et Brest. Soit 364km de canal sont à aménager, dont 67km totalement artificiels. Ce sera 238 écluses qui jalonneront le canal, dès que le dénivelé dépasse les 2 mètres.
En 1806 le chantier débute doucemet entre Nantes et Redon, en 1811 Napoléon passe un décrêt officialisant le début des travaux et l’emploi de prisonniers de guerre et condamnés pour sa réalisation. En septembre de la même année, la première pierre de la première écluse est posée.
C’est 20 ans plus tard, à la fin des années 1820,que les premières sections sont ouvertes à la navigation jusqu’à l’inauguration en grande pompe de la dernière écluse Guilly Glaz en 1858 par l’impératrice Eugénie .
Le canal permit effectivement un développement de la Bretagne intérieure, principalement autour de l’industrie ardoisière. Cependant, après avoir été attendu si longtemps et avoir mobilisé tant d’énergie et d’argent, il arrive trop tard et est très vite rattrapé par la modernité. Le chemin de fer, des bateaux-vapeurs plus gros que ceux halés au doux pas des chevaux et les premières routes le rendent trop petit et désuet à peine entré en fonction. Si bien qu’en 1923, une partie du canal (dont 17 écluses) sont englouties après la construction d’un barrage hydroélectrique par le lac artificiel de Guerlédan.
Le canal reste cependant une richesse pour le tourisme intérieur breton en proposant des promenades agréables et verdoyantes aux petits bateaux de plaisance, aux kayakistes, aux vélétistes et aux randonneurs. Une promenage agréable le long des chemins de halage ou aux lents rythmes des écluses…
Un morceau de ciel Différent d’hier Se promène à la surface de l’eau. Ciel en ondes, ondes en ciel, Reflet fugaces et intemporels Emportés par le courant… …Et la rive toujours à la même distance … Finalement, il n’y a pas que les vaches qui ondulaient. Anne-Laurence Rault, août 2015, Festival Empreintes d’Artistes.
Anne-Laurence Rault, août 2015, Festival Empreintes d’Artistes.
Seule double écluse du canal, avant d’être une écluse, Coët Natous était déjà un gué.
Seule double écluse du canal, avant d’être une écluse, Coët Natous était déjà un gué.
Seule double écluse du canal, avant d’être une écluse, Coët Natous était déjà un gué.
Le toboggan pour canoës courageux
Seule double écluse du canal, avant d’être une écluse, Coët Natous était déjà un gué.