Et vous, vous avez roté aussi ?!
Étiquette : tranches de vie
Lucie est une fille de la ville qui vit dans un appartement sans jardin ou balcon. Si nous avons la chance de ne pas vivre au milieu du goudron mais à côté d’une forêt avec des fermes royales pas loin, elle n’a pas encore eu l’occasion de plonger les mains dans la terre.
Ce printemps, incitée par ma mère qui lui a offert une petite boîte pour faire pousser des tomates cerises, je teste la main verte de Lucie ! Histoire de voir si elle a ma lourde hérédité de noyeuse de plantes… En attendant, fidèle à moi-même, c’était mal barré dès le début pour notre plantation…
Pour ma défense, c’était pas précisé sur le mode d’emploi que le petit bout de coton posé sur le pot c’était les graines en fait… Je pouvais l’attendre longtemps mon plan de tomates…
Le petit monde du parc est un monde à part, avec ses règles propres. Parents, grand-parents, nounous en tout genre et enfants de toutes âges se côtoient, se mêlent et se chamaillent.
C’est un monde dans lequel je ne me sens pas forcément à mon aise et je me rappelle avoir lu avec inquiétude l’inventaire à la Prévert de Maman Louve (il y a fort fort longtemps !). Mais mes craintes étaient vaines ! Avec nos horaires atypiques et notre parc isolé, nous sommes souvent seules à profiter des lieux.
Seules ou avec des visiteurs de passage assez originaux…
Moi je dis que ce n’est pas juste !!! Parce qu’elle a 2 ans et qu’elle est toute mimi, la boulangère offre parfois à Lucie une petite viennoiserie…Après il faut reconnaître que cela fait un an qu’elle est une cliente plus que fidèle !Prête à faire la misère à sa mère pour avoir sa baguette du jour !
Elle a longtemps été très silencieuse, cela surprenait toujours, mais c’est en train de changer et elle ne s’arrête plus trop même en dormant…Je regrette un peu certain soirs… Je vais décéder des oreilles !!
Avant même de savoir lire, j’avais le nez plongé dans les livres. Je suis née dans une famille de lecteurs et j’ai grandi entourée de livres, forcément ça laisse une trace ! Je piquais dans les livres de mon grand frère ou de mon père et pendant longtemps j’ai fait la lecture pour mon petit frère le soir. Les sorties Fnac, c’était notre pêché mignon familial : nous partions mes frères et moi en chasse et revenions avec des piles de livres que nos parents nous achetaient sans sourciller.
Bref j’aime lire et je lisais beaucoup… Lisais car un jour je suis devenue étudiante et je n’ai plus eu autant de temps (ni de sous) pour m’allonger sur mon lit la tête dans un bouquin !! Heureusement il me restait les longs transports en commun pour m’évader encore avec un livre…
Puis Lucie est arrivée, et là lire est carrément devenu mission impossible ! J’ai jamais dû aussi peu lire que les années 2015 et 2016. Un vrai désert aride ! Aussi quand le Chti m’a demandée à Noël ce qui me ferait plaisir, je lui ai demandé avec mes yeux de chat potté (ceux où il me dit toujours « laisse tomber, j’ai eu deux sœurs ») une liseuse pour lire dans la pénombre de la chambre de Lucie lors des mauvaises nuits… J’avais toujours déconsidéré l’idée par affection pour le livre papier mais il faut reconnaître que c’est rudement pratique une liseuse… et que depuis je ne décroche plus ! En moins d’une semaine j’ai avalé 3 bons bouquins et j’entame joyeusement le 4e ! Sans compter que mon Papa s’est aussi pris une liseuse et me partage sa bibliothèque comme quand j’étais enfant, à distance ! Merci Papa !
Ce soir c’était le rendez-vous des 24 mois pour Lucie, un examen de routine pour son suivi médical, sans grands enjeux autre que rassurer les parents pour la majorité des cas.
Il faut savoir qu’il y a déjà tout un historique entre nous et sa pédiatre : au premier rendez-vous nous avions été vertement reçu suite à nos 7 minutes de retard (pauvres parents débutants qui n’avaient pas encore compris que pour partir avec un enfant il fallait prévoir plus que 5 minutes de préparation – surtout quand l’enfant en question une fois harnachée et équipée décide de déposer une grosse fleur malodorante dans sa couche toute neuve et propre…) et nous étions repartis avec la fameuse ordonnance pour les premiers terribles vaccins.
Le cœur tremblant nous étions arrivés au rendez-vous suivant, les vaccins dans le sac. Et là ce fut l’apocalypse, le drame, la Bérézina. Bref, on a vacciné Lucie et à partir de ce jour à peine posée sur la table d’examen elle s’époumonait jusqu’à ce que l’on repasse le seuil du cabinet où comme par enchantement elle retrouvait son sourire.
On en a soupé des rendez-vous plein de larmes et de cris de protestations, qu’un vaccin vienne ou non conclure la séance et que des mois se soit écoulés entre les rendez-vous.
Pour le rendez-vous des 21 mois, pleine de motivations et d’espoirs j’avais lu et relu jusqu’à l’overdose à Lucie « Petit Ours Brun chez le docteur », j’avais joué avec elle le rendez-vous avec des figurines de Docteur Ours et Petit Ours Brun, j’avais regardé le dessin animé de Petit Ours Brun chez le docteur. J’avais tout tenté et ça avait marché ! Lucie avait laissé la pédiatre l’approcher, avait très sagement joué avec les jeux proposés, s’était laissée mesurer et ausculter (je vous dit pas le soulagement pour nous).
C’est pourquoi ce soir on y allait plutôt confiant, se disant que Lucie serait dans le même geste (et puis j’avais bachoté à nouveau le sujet avec elle !). Mais on ne pensait quand même pas que ça irait bien au point que la pédiatre sans l’avertir la prendrait dans SES bras pour la mener à la pesée et que notre sauvage Lucie se laisserait faire docilement et aimablement.On était sérieusement comme deux ronds de flan !