Ceux qui me connaissent personnellement savent qu’au boulot en ce moment, ce n’est pas un long fleuve tranquille. Je travaillais dans une petite société depuis mi-2011, un travail comme les autres. Certains jours, passionnant et enthousiasmant, d’autres jours, lassant et épuisant.
Il rythmait néanmoins mon quotidien depuis 3 ans et alimentait mon compte en banque. Il nous a aidé à lancer plusieurs beaux projets comme notre voyage en Chine, notre mariage, la Nouvelle-Zélande ou l’achat de notre appartement. Il m’apportait une stabilité.Mais en juillet, ma boîte, faute de revenus suffisant, a mis la clé sous la porte. La grossesse étant déjà déclarée, je suis donc aujourd’hui une licenciée économique qui effectue en ce moment ses deux mois de préavis avant le chômage.
Le journal pour lequel je travaillais, lui, survit aussi via un miraculeux repêchage par une autre boîte. Mon patron s’est battu pour que mon poste soit maintenu et il nous a donc été proposé alors de beaux contrats tout neufs. Nouveau contrat cependant où je perdais en salaire (malgré mon expérience acquise) et qui ne me donnait pas droit à un congé parental.
Alors j’ai eu peur. Peur de signer avec ces gens que je ne connaissais pas un nouveau CDI. Peur de ne pas avoir la force, après mon congé maternité, de laisser mon petit bébé de 3 mois plus de 10h tous les jours, toute la semaine.
J’aurais voulu avoir le temps, le temps de retrouver un rythme de vie humainement supportable avant de reprendre le travail, le temps de voir et d’aider notre bébé à grandir, le temps de démarrer ma vie de maman tranquillement.Aussi j’ai refusé. Je leur ai proposé de prolonger mon préavis d’un CDD jusqu’au début du congé de maternité. Parce que je suis attachée à ce journal qui m’a donné ma première opportunité d’emploi et m’a fait grandir, moi aussi. Afin de l’aider à faire sa transition, pour y participer un peu plus longtemps, pour gratter le maximum de sous avant le chômage, pour ne pas penser à demain trop tôt…
Car certains jours je doute. Je me demande si j’ai fait le bon choix. Trouverai-je autre chose derrière ? Particulièrement en ces temps mornes et moroses et dans un métier totalement saturé et en crise ? N’est-ce pas fou de faire des plans autour d’un enfant qui est juste en cours de gestation ? Si jamais un malheur arrivait, ce serait si ironique.
Mais j’ai fait le choix de partir vers autre chose, l’inconnu. Aujourd’hui je termine mon préavis, le CDD est pour l’instant bloqué par leur avocat qui a peur d’engager une femme enceinte. Vers quoi je me dirige, de quoi sera fait demain ? Aucune idée mais j’y vais sûrement…