Au printemps dernier c’est tenu à Versailles une exposition à l’occasion des 75 ans du magazine Spirou et des 65 ans du magazine Tintin. Si nous ne lisions ni l’un ni l’autre de ces magazines, mes frères et moi en revanche avons été élevé au milieu de leurs bandes dessinées. Aussi mon petit frère et moi partîmes un samedi, à deux, aller voir de près les planches exposées dans le magnifique Hôtel des Affaires Étrangères et de la Marine de Versailles qui est aujourd’hui une bibliothèque municipale.L’exposition se tenait dans l’enfilade de la galerie d’apparat, cette même galerie où le traité de l’indépendance américaine fut négociée. Destinées à l’origine à recueillir les archives diplomatiques, les cinq pièces portent les noms des grandes puissances d’alors. Mais ce n’était pas pour ce décor que nous étions venus mais pour ces petites planches suspendues à ces hauts rayonnages…Nous allions d’une planche à l’autre en étouffant nos exclamations, « Liv tu as vu une planche des Tuniques Bleues !!! Comment ça, le Scrameustache aussi ?? J’arrive !! Oooh un Papyrus !!! « .Nous rions en relisant certaines planches et certaines cases…Mais au-delà de cette inventaire des histoires qui ont bercés notre enfance, pouvoir observer ces planches, c’était aussi découvrir des petits secrets comme les traits de crayon de bois non effacés quand on rapproche son nez d’une page de l’Agent 212 (« nan mais l’Agent 212 quoi !! Viens voiiiiir ! »)
Ou bien encore l’usage du blanco correcteur type Tipp-Ex pour corriger des petites erreurs lors de l’ancrage (« Oh punaise regarde c’est Tapir !! Il y a la Patrouille des Castors !!! Faudrait que je les relise d’ailleurs dis… »)…C’est aussi découvrir le travail de fourmi des dialogues de l’ère avant l’usage des ordinateurs (et qui est toujours utilisé par certains aujourd’hui) où le dessinateur s’aide de traits parallèles pour contenir le texte et le correcteur le corrige d’un crayon de couleur qui disparaîtra quand la planche sera scannée en noir et blanc… (« Oh bordel Thorgal ! Le Chti aurait dû venir voir ! Par contre Mirliton ça ne me parle pas, mais t’as vu les traits bleus ? »)Comme toute bonne chose à une fin, nous étions arrivés dans le dernier salon où Spirou nous attendait en contemplation devant les planches hommages d’auteurs contemporains aux 75 ans de son magazine, planches réunies dans l’ouvrage La Galerie des Illustres…Un petit souvenir pour Olivier, un dernier hommage au Marsupilami et nous étions partis…