Versailles chaque été offre un programme bien rempli d’évènements. Un de ces rendez-vous incontournables est les « Les eaux nocturnes de Versailles » : une des rares occasions pour tous (contre monnaies trébuchantes) de se promener dans le parc à la nuit tombante.
Nous n’étions (largement) pas seuls pour cette nocturne, qui était la première de l’année (et un des rares samedi où il a fait beau !)…Pendant quatre heures l’eau jaillit de toutes les fontaines du parc et l’exposition d’art contemporain 2014 de l’artiste Lee Ufan fait jaser et persifler les visiteurs…
Petit à petit, le soleil se couche, dorant la façade du château et scintillant sur les miroirs de la Galerie des Glaces…
Nous quittons alors les abords du château et partons faire un tour dans mes bosquets préférés avant que la nuit ne tombe. Tout d’abord le très cosy bosquet de la salle de Bal, ou bosquet des Rocailles, dont les coquillages décorant les cascades ont été importés des côtes africaines.
C’est un des plus anciens conservés dans le parc. Il fut aménagé par Le Nôtre, entre 1680 et 1683, comme un amphithéâtre : en son centre un espace pour la danse (où Louis XIV excellait), les musiciens étaient installés en hauteur au-dessus des cascades tandis que le public pouvait s’asseoir sur des gradins recouvert de gazon.
Nous continuons notre visite vers l’Ouest pour le bosquet de la Colonnade. Construit en 1685 par l’architecte du Roi Jules Hardouin-Mansart (sur un précédent bosquet de Le Nôtre) il est beaucoup plus marqué par l’architecture. Le péristyle de 32 colonnes ioniques en marbres entoure aujourd’hui une copie du chef d’œuvre de Girardon : l’enlèvement de Proserpine par Pluton (l’original restauré est préservé dans l’Orangerie du château). Pour le transport de l’œuvre, en 1696, 2 journées et 50 chevaux seront nécessaires de l’atelier parisien à Versailles ( 2 chevaux en décèderont).
Nous quittons alors le sud du Parc et descendons l’Allée Royale tandis que les torches disposées au milieu de l’allée s’embrasent au rythme de la musique, se reflétant sur les panneaux de l’exposition Lee Ufan…
Parvenus au limite du Petit Parc, nous saluons Apollon et le soleil couchant. Ce bassin existe depuis le temps de Louis XIII mais Louis XIV y fit ajouter en 1670 cette œuvre de Tuby dessinée par Le Brun, « discrète » et « subtile » allégorie à sa propre volonté de dominer et d’éclairer le monde de sa lumière…
S’ensuit un détour par le bosquet de l’Encelade et ses jolies tonelles. Sa fontaine, récemment restaurée, a été exécutée par Gaspard Marsy entre 1675 et 1677. Encelade du nom du géant révolté contre l’autorité de Jupiter et qui se retrouva ensevelis sous les rochers qu’il lui jetait. Là encore une très « subtile » allusion aux sorts des nobles se révoltant contre le Roi...
La nuit commençant à s’installer, il nous reste juste le temps pour un dernier bosquet. Ce sera celui des Dômes, un bosquet qui changea régulièrement de visage (il hébergea un temps les bains d’Apollon tout juste sortis de la Grotte de Thétys).
Son nom fait référence à deux pavillons de marbre blanc, construits par Jules Hardouin Mansart en 1677, qui étaient surmontés de dômes. Démontés en 1820 sous Louis XVIII, il en subsiste les traces au sol (et quelques bronzes et décoration de marbres dans les réserves du château). Ils encadraient initialement le bassin aujourd’hui toujours visible…
Et il est déjà l’heure de prendre place pour le feu d’artifice le long de l’Allée Royale, nous en profitons avec le Chti pour goûter les pomme de terre au four vendus dans de petites échoppes ambulantes (je n’avais pas été prévoyante en nous nourrissant tous les trois avant la soirée).
Et enfin les premières fusées s’élèvent dans le ciel tandis que les torches de l’allée royale se réaniment à côté de nous, réchauffant vivement le public massé dans l’allée…
Dès le coup final donné, les yeux pleins d’étoiles, la foule se retourne d’un seul bloc pour sortir du parc. Nous remontons donc l’allée, admirons une dernière fois le château dans sa robe de lumière…
Et surtout nous arrivons aux deux pauvres petites portes qui conduisent la foule dehors par un passage sous le salon d’Hercule. Un gros bouchon se forme et nous avançons au compte-goutte, ce qui me laisse tout le loisir d’admirer au-dessus de nous à travers les vitres les plafonds du château…