Cette nuit cela fait deux ans que Lucie est sortie de mon ventre par la porte dérobée. Deux ans que nous sommes devenues toutes les deux une espèce d’entité à deux têtes…
Il est loin le temps où je pouvais la poser sur un lange par terre et m’affairer par ailleurs, aujourd’hui Lucie est un courant d’air qui trottine, saute, rampe, pas-de-chasse, escalade, … Rien ne l’amuse plus que de se faire courser par son père ou moi dans notre appartement !
Je me souviens encore de mon SMS à son père s’écriant « je crois que Lucie a attrapé la peluche que je lui tendais avec sa main !!! ». Et son père tout ému et si fier à distance !. De ça aussi on est loin, nous qui avons monté à plus d’1m20 tout objet fragile ou dangereux face aux petites mains curieuses de Lucie ! J’ai pu éprouver le système anti-bébé du Doliprane® comme ça (et scoop : ça ne marche pas, elle l’a très bien ouvert !).
Heureusement pour notre santé mentale, Lucie ne mange toujours pas grand chose, donc nous n’avons pas à nous inquiéter outre-mesure de ce qu’elle pourrait avoir avaler au cours de ses pérégrinations. Le côté négatif c’est qu’on a pas le modèle facile du bébé de type « bouffe-tout », celui des publicités Blédina qui avale joyeusement tout ce qu’on lui met devant et en redemande !
Il faut croire que notre fille craint l’empoisonnement même : elle ne veut jamais goûter et préfère nous donner la becquée ! Rien n’y fait, vous coupez en deux un aliment et le manger en mimant le contentement ? Elle vous tend en souriant la seconde moitié. La mettre avec un enfant de type bouffe-tout pour lui donner des idées ? Elle lui donnera le contenu de son assiette pour lui faire plaisir. Planquer dans ce qu’elle aime des choses nouvelles ? Elle refusera l’assiette en bloc !
Nous avons essayé divers astuces avant de nous résigner à sa liste : pâtes (macaronis ou torsettes), riz, jambon, petit pois, pain (la mie d’une baguette fraîche de préférence), yaourt (uniquement le Danone nature), gourdes de compote de fruits (en gourde seulement, et pas tous les fruits bien entendu !), et lasagnes à la bolognaise. En dehors de ça, c’est le biberon de lait et quelques gâteaux. Ou un carré de chocolat noir piqué dans la réserve de Papy Ragnagna (vous auriez vu nos têtes quand elle a avalé le bout de chocolat noir, elle va avoir un bon équilibre alimentaire celle-là tiens…)
Au rayon des choses qui n’ont pas trop changé, il y a le sommeil : c’est toujours plus ou moins pile ou face, les nuits restent imprévisibles (même si on est loin des cniq mois cauchemardesques qu’on a eu avec des réveils toutes les 2h. Par contre, au moins, elle fait bien une sieste d’1h30 (5 à 6h après son réveil). Mais elle ne s’endort plus seule depuis, je reste jusqu’à son endormissement, j’avoue ne pas oser retraverser une zone de remous… Du moment que la nuit elle se rendorme seule, je veux bien sacrifier un peu de mon temps pour son endormissement… On négociera pour ça plus tard, en attendant je peux lire dans la pénombre avec ma toute nouvelle liseuse numérique !
Ce qui évolue beaucoup en ce moment est son langage, c’est typiquement l’âge. J’avais voulu préparer à Noël une liste des mots que Lucie prononce (je copiais l’idée de Mam’Weena en fait). La centaine dépassée, sincèrement surprise (mais lassée) j’ai arrêté, c’était trop long ! Je ne pensais pas qu’elle connaissait déjà tant de mots !
J’avais tendance à dire qu’elle ne parlait pas avant de faire cette liste car elle n’est pas incroyablement bavarde (surtout face à des étrangers – elle dit son prénom depuis longtemps mais ne répond jamais quand des inconnus lui demandent). Sauf que quand elle a besoin de s’exprimer, elle sait très bien se faire comprendre et associe parfaitement les mots nécessaires, tout en usant et abusant des mots valises comme « ça », « là-bas », …
Depuis peu elle est même parfois un véritable petit perroquet, répétant nos mots ou ceux de ses jouets, avec le même rythme et la même tonalité, comme une chanson.
D’ailleurs, nous ne savons pas pas trop comment cela se fait mais pour le moment nous avons un modèle de politesse qui dit « ponchour » ou « ponchouar » aux joggeurs du parc, « merci » quand on lui donne (et aussi quand on lui arrache ce qu’elle a dans les mains…), mais son préféré reste « au revoir » qu’elle tonitrue ‘même quand il y a personne) avec tant de cœur que les gens pensent qu’elle est pressée de partir !
Du côté de chez maman, après 2 ans à pratiquer la petite chose, on finit par se connaître et Lucie sait s’exprimer (la plupart du temps) donc je suis beaucoup plus zen et essaye même de renouer avec mes vieilles passions (dessins et lectures). Mais mes doutes et mes peurs peuvent revenir au galop face aux surprises que Lucie nous réserve (des rhumes, des pics de fièvre, des chutes, …) ou aux comparaisons extérieures bancales.
Si j’essaye de lui apporter ce dont elle a besoin pour s’amuser et apprendre, ma confiance peut vite vaciller : est-ce que je lui laisse assez d’autonomie pour apprendre ? Ou bien ne la laisse-je pas trop libre de faire ses expériences à ses propres risques ? Je dois alors me rappeler que l’important n’est pas d’en faire un être d’élite mais de lui donner l’envie d’essayer, la persévérance pour réessayer et le plaisir d’accomplir. (et de toutes façons, depuis cette déplaisante réponse de cette nounou très fière, la mienne aussi elle fait toute seule nah ! Mais elle préfère que ce soit Maman parce que cela va plus haut et plus vite !)
Lucie, malgré ses deux ans et le fameux « terrible two » supposément planant sur nous, reste pour le moment une petite fille formidable, peu capricieuse et énormément dans le partage : c’est un bisou pour Papa, un bisou pour Maman et un bisou pour Lucie, du pain pour Lucie, du pain pour Zaza et du pain pour Poxi. Elle n’aime rien de plus que nous aider à cuisiner, à faire le ménage, à nous moucher, à nous laver les cheveux, à ranger les courses, …
Une formidable petite fille de 2 ans, et cette année est passée bien vite…