Petite histoire pour la fête des mamans en retard :
Parfois quand une famille s’agrandit, les grands frères et/ou sœurs regardent ce nouveau venu d’un œil jaloux voir hostile. On a tous entendu des histoires où le grand frère mettait sa petite sœur à la poubelle pour retrouver l’amour de son papa et de sa maman.
Dans ma famille, ça n’a jamais été le cas, mon grand frère était ravi d’avoir une petite sœur (s’il avait su ahahahah!) et moi-même j’étais très contente d’avoir un petit frère. J’étais même une grande sœur très présente, je comprenais son babille et servais de traductrice, je jouais avec lui dans son parc, l’aidais dans ces premiers pas, …
Mais j’étais même un peu trop présente. Au point de donner de belles frousses à ma maman. L’histoire que je vais vous narrer est arrivée alors qu’Olivier n’avait que quelques mois, il tenait encore difficilement sa tête tout seul, et moi un petit peu au-dessus des 3 ans.
J’étais tranquillement dans ma chambre en train de m’occuper quand Olivier s’est réveillé dans la chambre à côté. Il a alors fait tout ce que bébé sait faire: s’époumoner. En grande sœur responsable, investie de la mission bien-être de son petit-frère, je suis tout de suite allée le voir dans son grand lit à barreaux.
C’était clair, cela devait être l’heure du goûter, il avait faim ! Très faim vu comment il criait. Le lit à barreaux était trop haut pour que je puisse le toucher. J’ai donc rapproché la chaise du lit, suis grimpée sur la chaise et me suis penchée pour l’attraper au fond de son lit. Mais j’étais toujours trop petite pour l’atteindre au fond de son lit. Pas grave, ni une ni deux, je me mets en équilibre sur mon ventre, mes jambes contrebalançant le poids de mon corps, je tends mes bras et arrive à le saisir sous les aisselles. D’un coup sec, je me rétablis difficilement sur la chaise, entraînant dans l’élan le bébé.
Je descends précautionneusement de la chaise et trimballe le petit frère serré contre mon cœur dans le couloir. Maman est en bas, je vais lui apporter pour qu’elle le nourrisse. Arrivée au bout du couloir, je rencontre un problème: l’escalier. Comme d’habitude, j’avais foncé bille en tête, sans réfléchir. Comment descendre l’escalier avec un bébé dans les bras que je peine déjà à porter ? C’est la chute assurée…
Je réfléchis, tandis qu’Olivier attend sagement dans mes bras, sans plus pleurer. Eurêka, j’ai trouvé. Je m’assois soigneusement sur la première marche, cale le petit bébé sur mes petits genoux, serre mes bras fort autour de lui et c’est parti !! BOUM BOUM BOUM, marche après marche, je descends l’escalier sur les fesses. Maman alertée par le bruit sort du salon et me voit, toute concentrée dans ma mission, le petit frère pressé contre mon cœur, ballotant dans mes bras. Un grand cri, je lève la tête et voit maman toute blanche, elle s’empresse de récupérer Olivier de mes bras.
Toute fière je lui dis qu’il a faim, qu’il faut le nourrir. Elle n’a pas l’air de m’entendre. Pour dire vrai, elle a même pas l’air super contente ni fière. Je suis pourtant une chic grande sœur non? Et une chouette fille ? J’aide ma maman après tout ! Un peu vexée, j’ai bombé le torse « T’inquiète pas maman, j’ai fait attention ! Je suis descendue sur les fesses ! ».
Aujourd’hui cela fait 7 ans qu’Il est entré dans ma vie. Ce sont 7 belles années pleines de tendresses et de confidences. Il est le petit soleil qui illumine mes journées et mon cœur…
Et parce qu’en bonne maman-chat, je ne peux pas m’empêcher de vous montrer mon magnifique bébé:
Clic clic pour une autre photo de monsieur Plume à son arrivée.
En Chine (contrairement à ce que mon carnet de voyage pourrait faire croire jusqu’à présent) il n’y a pas que des bâtiments ou des musées à visiter. On y rencontre aussi des Chinois. Pas mal de Chinois. Je dirais même plus, beaucoup beaucoup de Chinois ! Mais quand on apprend qu’un habitant sur sept de notre planète est chinois, ça n’étonne plus… Si pendant 10 jours nous avons vécu au milieu d’eux, nos échanges ont été très limités: la barrière de la langue se faisait toujours sentir. Seuls quelques jeunes et quelques commerçants parlaient anglais, et nous ne maîtrisons du chinois que les formules de politesse (et encore le merci est impossible à prononcer correctement !). En 10 jours, nous avons cependant eu le temps d’observer… et d’être observés !
Régime pékinois
et autres considérations culinaires
Bon appétit bien sûr
Le Chti et moi sommes assez difficiles en nourriture. Enfin bon, j’avoue, surtout moi. Je suis carrément pénible à inviter. Nous savions donc en débarquant en Chine, que cela allait être difficile pour nous nourrir. Même si nous nous savions difficiles, il faut reconnaître que nous ne sommes pas les seuls coupables !
En nous promenant dans les rues, nous apercevions les cuisines derrière les restos. Partant de bon matin, nous avons également vu les livraisons de viande. Nous avons vite compris que nous n’avions pas la même vision de l’état sanitaire minimum qu’une cuisine devait avoir. Le minimum (selon nous) de la chaîne du froid était un luxe dans beaucoup des petites échoppes que nous avons vu.
Régime pékinois
Comme nous ne désirions pas particulièrement une petite tourista sur notre court temps de voyage, nous avons pris le parti-pris de jeûner un peu à défaut de savoir où pouvoir aller en confiance. La lourdeur du temps nous y a bien encouragé.
Cela a été au final un super régime: mangeant peu et buvant des hectolitres d’eau, tout en marchant 10h par jour, j’ai bien éliminé !
Buffet à volonté au Novotel
Sur ces 5 jours, nous avons mangé deux matins. Des petit-déjeuners occidentaux au Novotel Peace, un hôtel 5 étoiles du quartier chic de Wangfujing. La gérante française du restaurant a bien dû s’amuser à nous voir débarquer deux matins tels des loups affamés, en mode chats mouillés, contrastant totalement avec l’ambiance feutré et proprette des hommes d’affaire sortant de leur douche. J’ai savouré ces petits moments de pause dans notre voyage (et surtout mes jus de pomme du matin !!).
Cependant me diriez-vous, à quoi bon aller en Chine si c’est pour ne pas goûter à leur nourriture ? C’est là encore une attitude typique de touriste française prétentieuse, qui se gargarise de sa cuisine française mais refuse d’essayer autre chose.
Vous avez bien raison ! Sauf qu’en France aussi j’aime rien ! Et que nous attendions d’arriver à Shanghai pour nous lancer dans la nourriture chinoise. Là-bas, guidés par Vincent et Chou, nous avons pu tester et faire découvrir de nouvelles saveurs à nos papilles.
Chou a même réussi l’exploit de nous faire manger, au Chti et à moi, du poisson. Si si, c’est un exploit, nos parents peuvent en témoigner. Le pire c’est que l’on a vraiment aimé, et que l’on s’est même resservi !
Je retiens trois choses de la cuisine asiatique (à ajouter à ma liste qui pour l’instant contenait juste « J’aime pas le japonais »):
En France, les plats se succèdent sur la table dans un ordre précis (dans la version simplifiée du 21ème siècle: hors-d’oeuvre/entrée, plat principal, fromage/dessert). En Chine, on vous dispose sur la table plein de mets, et tu picores dans chaque plat jusqu’à satiété.
Les baguettes sont vraiment un truc à prendre. J’essayerai bien de m’entraîner (j’aurais dû en acheter là-bas !), mais pour l’instant j’en mets plus dans le décolleté que dans ma bouche (et encore, quand j’arrive à faire tenir quelque chose entre les baguettes…). Je me suis rabattue honteusement sur des couverts.
Le thaï, « Ché bon mai cha pique hun max !!! ». Mon palais a apprécié les saveurs mais a un peu souffert!
Ché bon mais cha pique
THE découverte reste le jus de pomme pressé à la centrifugeuse (le Chti dit que je suis monomanique, vous croyez ?). D’un premier abord peu appétissant avec sa couleur brune foncé et ses centimètres de mousse le chapeautant, je l’ai regardé avec méfiance et étonnement. J’étais un peu dubitative. Une fois la première gorgée aspirée j’ai vite ravalé mes craintes en aspirant le verre goulûment. C’était juste la fête des papilles, délicieusement frais et fruité, ce jus de pomme est un pur régal, une merveille !
Et depuis chaque semaine, nous louchons sur un modèle particulier dans notre supermarché en attendant le jour où on craquera pour refaire le même à la maison…
Régime pékinois
Buffet à volonté au Novotel
Ché bon mais cha pique
Bon appétit bien sûr
Dans la suite (à venir) d’Un milliard trois cent cinquante millions de Chinois, et moi, et moi, et moi:
Petite pause dans la fin du récit des vacances car ceci est la 200ème note publié sur ce blog ! Il était temps de te remercier Lecteur, non ? C’est parti pour mon premier « concours ». Sois indulgent avec moi !
Avoir un blog est un investissement en temps très lourd, difficile à tenir parfois en parallèle d’une vie active et pleine. Sans doute encore un peu plus quand on se met en tête de faire un blog « dessin » alors que l’on ne sait même pas dessiner…
Ici, chaque note est le résultat d’heures de labeur prisent sur mon temps-libre. Mais je ne m’en plains pas, car si je me suis lancée dans cette aventure c’est que j’ai attrapé le virus! Celui du goût du partage et de la découverte. Voir le résultat final de mon travail, si joliment présenté, me donne un sentiment de fierté et d’accomplissement. C’était du temps passé certes, mais pas du temps perdu !
Sauf que parfois ça va mal. La semaine a été longue, le boulot pesant, le Chti malade, Plume énervé, … Bref le gros coup de blues où tout est remis en cause… Et d’abord à quoi bon passer 10h sur une note alors que ces mêmes 10h auraient permis de faire tant d’autres choses plus « utiles » ? Le blog au fond c’est virtuel, creux.
C’est pourquoi, malgré le fait que j’essaye d’écrire ce blog pour mon plaisir personnel, sans me forcer ni chercher à plaire à quiconque. Aussi ridicule et modeste que soit ma popularité et mes statistiques, c’est toi lecteur, avec tes commentaires, tes encouragements et tout tes mots gentils, qui m’encouragent dans ces moments de doute et de découragement. Ces petits mots que tu essaimes en bas de mes articles me stimulent et me poussent à continuer l’aventure quand je suis trop fatiguée pour écrire, trop mécontente de mon non-talent.
Avec toi lectrice, avec toi lecteur, l’aventure du blog est plus intéressante, plus enrichissante et beaucoup plus exaltante que seule.
C’est pour cela qu’en Chine, j’ai souhaité te ramener un cadeau, outre mes souvenirs de vacances. Je n’ai pu prendre que trois babioles mais ce sera avec plaisir que je te les offrirais.
Trois bricoles de Chine, as-tu une préférence ?
Ce ne sont pas des objets démentiels qui feront de toi la star du village, mais je les ai choisis avec soin et j’espère qu’ils feront plaisir aux personnes qui les recevront.
Pour éviter les concouristes professionnels, seules les personnes ayant déjà commenté sur ce blog, ou ayant commenté un article sur ma page Hellocoton ou encore étant déjà fan de la page Facebook Ragnagna des Bois Jolis modérée par le Chti pourront jouer (sans aucune limite géographique, du moment que vous vivez sur la même planète que moi !).
Je m’excuse par ailleurs pour les timides et les silencieux, je n’ai pas d’autres moyens pour remercier les gens dont je sais qu’ils sont présents.
Pour jouer, il suffit de réaliser un des trois défis suivants au choix (et de me signaler votre participation). Vous pouvez répondre où vous le souhaitez (en commentaire de cette note, sur Facebook, sur votre blog, sur Hellocoton, par mail, par voie postale, par pigeon voyageur, …) sachant que la date du tirage au sort sera le 21 juillet.
Raconte ton « instant Ragnagna », par un dessin ou un texte. Dans quelle état d’esprit te connectes-tu sur ce blog, que recherches-tu ici, que trouves-tu, fou rire ou grosses larmes ?
Tire la pelote de mots et imagine une histoire avec Plume comme héros principal. Tous les mots inscris sur le fil de la pelote doivent être présents dans l’histoire, dans l’ordre de ton choix : coffre – pataud – conserve – trempé – clarinette – mandarine – papier à carreaux – déodorant – grenadine – anniversaire
(A faire en couple, ou entre amis) Trace le schéma-défaut de ton conjoint/un ami, ou fait tracer par ton conjoint/un ami ton schéma-défaut. Tu peux t’inspirer de l’exemple de celui de Flodoux sur Pipou, ou celui du Chti en bas de cette note. Par ailleurs, je décline toute responsabilité en cas de brouille entre les participants de ce jeu !
Les lots seront tirés au sort parmi les participants, la main innocente qui piochera déterminant l’objet gagné (je vais m’amuser pour faire tirer au sort Plume). Le but principal étant de vous remercier pour votre présence, j’espère que vous vous amuserez aussi à jouer !
Tire la pelote de Plume
Autre exemple de schéma-défaut: Aki et ses contradictions
En Chine (contrairement à ce que mon carnet de voyage pourrait faire croire jusqu’à présent) il n’y a pas que des bâtiments ou des musées à visiter. On y rencontre aussi des Chinois. Pas mal de Chinois. Je dirais même plus, beaucoup beaucoup de Chinois ! Mais quand on apprend qu’un habitant sur sept de notre planète est chinois, ça n’étonne plus… Si pendant 10 jours nous avons vécu au milieu d’eux, nos échanges ont été très limité: la barrière de la langue se faisait toujours sentir. Seuls quelques jeunes et quelques commerçants parlaient anglais, et nous ne maîtrisons du chinois que les formules de politesse (et encore le merci est impossible à prononcer correctement !). En 10 jours, nous avons cependant eu le temps d’observer… et d’être observé !
Les petites mains
La première chose qui nous a vraiment frappé en débarquant à Beijing est le nombre de petits boulots, comme aux États-Unis. C’est par exemple une garde en faction près des composteurs, des personnes qui agitent des drapeaux dans le métro, … C’est cependant plus vrai à Beijing qu’à Shanghai.
Au fur et à mesure du voyage, j’ai essayé d’en prendre quelques-uns en photo pour pouvoir vous présenter mon petit top 3 des petits métiers chinois.
N°3: les balayeurs et recycleurs
Balayeuse de la Cité Interdite
Certes en France aussi nous avons des balayeurs, mais c’est sans commune mesure avec le nombre de balayeurs de rue que nous avons vu en Chine !
Leur équipement se limite au balai (fait de brins réunis), la pelle et l’uniforme et vous en croiserez, balayant la poussière, dans la Cité Interdite comme sur le terre-plein central d’une autoroute au milieu d’un bois.
Dans la même veine, le tri des déchets est très bien organisé en Chine. Dans la rue, les poubelles recyclables/organiques sont séparés. Mais en plus de ça, certains font (à pied ou en vélo) le tour des poubelles pour récupérer les bouteilles en plastique et avec le prix de la revente (en tant que bouteille à recycler, ou en tant que « nouvelle » bouteille « neuve ») arrondissent leur fin de mois. Sur la Grande Muraille, une femme (aux mollets d’acier !) faisait ainsi le tour de toutes les poubelles derrière les touristes.
N°2: les arrêteurs de bus pékinois
Des canaris immanquables à chaque arrêt
En Chine, une bonne gestion des foules est cruciale pour éviter tout engorgement ou débordement. On y attend donc le bus dans une file d’attente, qui est signalée sur le sol par des traits comme les rangées de classe au collège. Mais en plus de cela, des personnes font le pied de grue à côté ayant pour mission de signaler au bus s’il doit s’arrêter et contrôlant le nombre de passagers par bus. Ils étaient facilement repérable avec leurs vestes jaunes canari et leur petit drapeau rouge.
N°3: les monsieurs aux bidons-bleus
Les bonbonnes sont balancées au rythme du bras
Ceux là m’ont intrigué dès notre première sortie. Nous les croisions sans cesse, surtout le long des hauts murs pourpres de la Cité Interdite. Ils portent des bidons bleus, souvent mis en équilibre au bout d’une barre. Cela ressemble à des bonbonnes de gaz, mais ils les balancent d’une telle façon , sur un rythme très particulier et qui serait dans le cas d’une bonbonne de gaz assez explosif.
Je n’ai compris ce qu’ils faisaient que le dernier jour à Beijing, quand à 6h du matin je les ai vu installer leurs bonbonnes dans les arbres pour qu’elles gazouillent toute la journée…
S’ils sont payés pour faire cela et la finalité de leur travail, ça par contre j’ai toujours pas saisis !
Edit : Grâce à Nat, le mystère des bonbonnes-cages a été percé !! Derrière cette curieuse habitude se cache en réalité une passion de retraités pour les oiseaux et leurs chants !
Balayeuse de la Cité Interdite
Des canaris immanquables à chaque arrêt
Un arrêteur de bus canari
Les bonbonnes sont balancées au rythme du bras
Bonbonne qui se révèle être une cage
Xie xie !
Dans la suite (à venir) d’Un milliard trois cent cinquante millions de Chinois, et moi, et moi, et moi:
Je vous ai jusqu’à présent rapidement évoqué Shanghai quand je vous ai raconté notre balade dans la concession française avec Chou et Émilie avant notre départ pour Qibao, mais avant de clore ce voyage, cette ville mérite une petite note rien que pour elle.
Beijing - Shanghai en 5h30
Nous sommes arrivés à Shanghai le jeudi soir après un voyage de 5h30 en train express depuis Beijing. Le train express chinois est l’équivalent de notre TGV, roulant à 300km avec une demi-douzaine d’arrêt entre Beijing et Shanghai (équivalence du trajet en France: Lille – Marseille).
Nous avons réservé nos billets dans l’auberge de jeunesse et s’ils avaient songé à demandé si nous souhaitions un train express (et heureusement que j’ai dit oui !) et quelle classe (180€ premières classe, 111€ seconde classe pour deux), ils n’ont pas songé à nous prendre des places côte à côte. D’autorité je me suis assise près du Chti (et de la fenêtre !!) et très gentiment tous les passagers successifs dont j’ai accaparé le siège ont compris que nous souhaitions échanger de place.
Le voyage est longuet, mais instructif. Comment mieux comprendre l’expression « Chine, terre de contrastes » qu’en apercevant dans trois champs successifs un homme labourer à la force des bras son champ, tandis que son voisin guide son cheval dans la même tâche et que le troisième chevauche fièrement son vieux tracteur ? Et on réalise également mieux l’immensité du pays, surtout lorsque l’on vient d’un petit pays comme la France.
C'est aussi ça la mondialisation
Arrivés à Shanghai, nous sommes accueillis tels des princes par un chauffeur. Vincent a en effet eu la délicate attention de demander à un des chauffeurs de son entreprise de venir nous prendre à la gare de Hongqio. Si nous avions au début protester, après tout la ligne 10 est directe pour rejoindre de la gare leur appartement, c’est finalement avec délice que nous nous sommes écrasés dans les sièges en cuir de la limousine. Le chauffeur avec prévenance (ou par passion véritable ?) nous a alors fait découvrir Shanghai au son de vieux CD rayés de chansons françaises d’après-guerre. Ambiance surréaliste, entre ces vieilles ritournelles de l’autre siècle et cette multitude de modernes grattes-ciels chatoyant de couleurs…
Vue sur Pudong depuis le Bund
Le symbole de Shanghai est le Bund (terme anglo-indien signifiant « rive boueuse »), appelé par les locaux 外灘 (waitan) c’est-à-dire la « berge des étrangers ». Auparavant dans la concession internationale, ses 1,5km le long du Huangpu sont la promenade préféré de ses habitants. C’est sur la rive en face que ce sont développés les grattes-ciels sur le quartier de Pudong tandis que le long du Bund des vieux bâtiments des années coloniales résistent.
Dès le vendredi, il était prévu que nous allions nous y promener. Mais rentrant de Qibao et toujours fatigués de la Grande Muraille, nous avons dans un premier temps lézardé au soleil dans le parc au pied de notre résidence. Bronzer (ou sur-crâmer dans mon cas) en observant Louis et Émilie jouer au milieu des autres enfants d’expatriés était très relaxant. La soirée arrivant, il était prévu de rejoindre Vincent à son boulot avant de partir manger tous les quatre dans un restaurant.
Nanjing Donglu, THE grande rue commerçante de Shanghai
Le Chti et moi repartons direction Nanjing Donglu. nous avons une petite heure pour visiter le Bund avant de retrouver Vincent devant l’Apple Store et rejoindre Chou au restaurant. Nanjing Donglu est l’équivalent pour Shanghai des Champs-Élysées parisiens, naturellement en plus moderne et encore plus luxueux. C’est une très large rue, totalement piétonne. Touristes, consommateurs, passants et démarcheurs s’y croisent et s’y recroisent dans une joyeuse cohue. Les plus grandes marques de la planète s’y affichent, dans des devantures exubérantes, sur des écrans de pub géant diffusant en continue le même spot, des centaines de néons multicolores se reflètent sur le sol et dans mes lunettes.
C'était tout droit... dans l'autre sens !
Au loin, au fond de la rue, se découpe dans le ciel rosissant un building. Je regarde mon plan et ni une ni deux le pointe du doigt au Chti. Et nous sommes partis pour faire la longue rue au milieu d’une foule toujours plus compacte. Je me serais pourtant retourné, j’aurais distingué la Pearl Tower dans mon dos, mais cela je ne l’ai su que 20 minutes plus tard quand arrivés au People’s Square je me suis rendue compte de mon erreur !
Pour ce soir là, c’était raté. Lot de consolation, nous avons cependant pu apercevoir le Bund depuis le haut des bureaux de Vincent. Bureaux qui, pour l’anecdote, se situent au-dessus d’un mall. Pour y accéder, il faut entrer dans le centre commercial. Pour un manager de magasins ou de biens de consommations, cela peut sembler normal, mais dans le cas de Vincent, c’est assez inattendu !
Shanghai World Financial Center Observatory
Le lundi, il était au programme de refaire une tentative pour le Bund avec Morgane et sa famille. Nous les avons rejoint en début d’après-midi, et notre première visite a été pour la plus haute tour de Shanghai: le Shanghai World Financial Center Observatory. Le nom est à coucher dehors, je vous l’accorde, moi je ne l’appelle que par son petit surnom qui lui va si bien: le DÉCAPSULEUR ! Malheureusement, c’est jour de nuages, donc à 492m de haut, on ne voit pas grand chose. Nous sommes juste entourés de nuages, j’ai l’impression de marcher dans de la ouate. Je me suis un instant crue au royaume des Bisounours !
C’est quelques heures après que nous décidons de partir sur le Bund nous promener. Le chauffeur nous conduit (tel un dératé, la ceinture et la prière à saint Jveuresterenvie ne sont pas en option, même si elles ne garantissent pas de rester en vie avec lui !) vers la promenade. Rapidement nous nous retrouvons dans des bouchons, autour de nous des bâtiments datant des années 1920, de type occidentaux. Ils sont construits me dit-on sur des pilotis (de bois alors) comme beaucoup de bâtiments à Shanghai. Ce qui semble logique une fois que l’on apprend la traduction de Shanghai et que la ville s’enfonce chaque année de 1,5cm dans le sol…
Les danseurs de Fuxing Park
上海 shànghǎi
上 (shàng) : sur, au-dessus de et 海 (hǎi) : mer
C’est enfin le Bund. À nouveau j’aperçois au fond les hautes tours de Pudong. Enfin… J’aperçois… J’entraperçois plutôt ! Et entre deux têtes. Et trois secondes maximum ! Le Bund est rempli, plein à craquer, bourré ! C’est même étonnant que le sol ne s’effondre pas sous le poids de la foule. Il me semble que les 16 millions d’habitants se soient donnés rendez-vous ici !! Nous fuyons plus vite que nous ne sommes arrivés. Tant pis pour le Bund, il ne me verra pas ! Nous nous sommes finalement réfugié dans un mignon parc de la concession française où nous avons regardé des couples danser du foxtrot.
Beijing – Shanghai en 5h30
Nos billets de train, 111€ en seconde
Mon carnet de souvenirs chinois
C’est aussi ça la mondialisation
Un leitmotiv rappelé régulièrement sur les murs de la ville
La maquette géante du musée de l’urbanisme
Et j’y ai retrouvé l’immeuble de Vincent et Chou !
Vue sur Pudong depuis le Bund
C’était tout droit… dans l’autre sens !
Nanjing Dong Lu, THE grande rue commerçante de Shanghai
Avant ce voyage, la plupart de mes connaissances de la Chine me venait de la lecture des aventures de Tintin dans le tome Le Lotus Bleu. Une image un peu vieillotte et bien périmée, surtout dans un pays en mutation aussi rapide.
Pour moi la Chine se résumait presque uniquement à la réplique-culte « Lao-Tseu a dit, il faut vous couper la tête ! » (à prononcer avec une voix nasillarde de préférence) et à une multitude de pousse-pousses.
Impossible de passer inaperçus
Et pour ce second point, je dois avouer que je n’ai pas été déçue. Pas déçue du tout même ! Des pousses-pousses, il y en avait partout ! Surtout à Beijing autour de notre hutong. C’était même à dire vrai une pure plaie pour le Chti et moi. Avec nos gueules de métèques, de juifs errants, de pâtre grec ♫ de caucasiens, nous sentions bon le client et étions en permanence interpellés, voir suivis dans la rue. Devoir se retourner tous les trois pas pour décliner poliment avec le sourire l’entreprenant, puis le solliciteur suivant et encore le suivant, était super lassant (pour rester polie).
Le code de la route chinois
7 jours durant nous avons donc décliné leurs propositions. L’idée de nous faire tirer par un type en vélo comme des sacs à viande nous gênait trop. Cependant ce n’était pas la seule motivation de notre refus. En effet au bout d’une journée en Chine, nous avions complètement intégrer leur code de la route : le bus et le camion écrasent la voiture, la voiture écrase la moto ou la mob, la moto ou la mob écrasent le vélo, le vélo écrase le piéton et le piéton quand à lui essaye juste de survivre au milieu de tout ça.
Où comment le voyage aurait pu finir plus tôt
A Paris, c’est un duel: le piéton se met devant la voiture et la toise de haut tandis que la voiture ralentit ou le contourne en maudissant ce retardateur. En Chine, c’est un massacre : le piéton ne court pas assez vite devant la voiture, il se fait rouler dessus ! Avec mes vilaines habitudes de Parisienne, j’ai voulu jouer à kikiresteledernier avec un bus. J’ai perdu. Le Chti m’a tirée en arrière tandis que les passagers du bus criaient à travers la vitre et me faisaient des signes. Le chauffeur de bus n’a ni freiné, ni tenté de me contourner, c’est limite s’il n’a pas mis en route les essuies-glaces pour nettoyer après l’impact…
Pousse-pousse en mode pluie
En tant que piéton, tant que l’on reste sur le trottoir, on est à peu près en sécurité. Il faut juste se plaquer contre les murs à chaque klaxon poussif, à chaque grincement de vieux vélos. Si vous êtes assez rapide, presque pas de danger. Mais en vélo c’est autre chose, si la majorité des routes ont de belles (vraies) voies cyclables, les croisement sont effrayants entre les véhicules motorisés et les vélos. Une jungle sans pitié.
Alors prendre une petite nacelle sur roues avec trois bouts de métal tenant un tissu pour protéger du soleil et de la pluie, très peu pour moi ! Je ne suis pas un cheval, les œillères ne fonctionnent pas avec moi, je tiens à la vie !
Vous m’avez compris, il a vraiment fallu que nous soyons désespérés à l’idée de rater notre train pour revenir sur notre résolution et être prêts à prendre un pousse-pousse pour rejoindre la gare de Suzhou. J’étais en train de m’user les yeux à comparer les idéogrammes de mon plan et ceux des 200 arrêts de bus de 10 lignes de bus différentes quand le pousse-pousse s’est présenté. Le Chti et moi échangeons un regard, c’est entendu, on est prêt à tout pour rentrer !
Je montre au chiffu notre destination sur le plan, craignant qu’il nous dise que c’était trop loin. Il regarde, hoche la tête et nous dit 5 de la main puis 0 (à la chinoise, qui ressemble beaucoup à la française heureusement, les cinq doigts tendus puis en forme de O). Nous grimpons dans le pousse-pousse. Avec les sacs et mes grosses fesses c’est étroit. C’est parti. Le vélo s’ébranle lentement. Il semble peiner. Nous nous sentons comme des touristes bêtas et impotents, on ne sait plus trop où se mettre. Le vélo prend de l’élan. Le chiffu est prêt à tout risquer pour éviter de freiner et de devoir redémarrer. Le soleil tape toujours très fort, il sue sous sa casquette. On a vraiment pitié pour lui.
Le Chti me demande si on va bien au bon endroit. Confiante je lui dis que oui, que j’ai montré la gare sur la carte au chauffeur. Le Chti regarde ce que je montre du doigt. « Aki, tu as montré la gare routière… Pas ferroviaire ». Oups… Au premier arrêt du vélo, je tapote l’épaule du chiffu. Il se retourne, je lui montre la bonne gare. Il me fait OK de la tête et me fait 6 de la main (à la chinoise, en France ce signe veut plutôt dire je te téléphone).
La gravité joue contre le courageux shiffu
C’est reparti, cette fois vers la bonne destination. Heureusement que le Chti me connait bien… Douloureusement le vélo avance. L’heure tourne. Progressivement le vélo prend un nouvel élan vite brisé par une violente côte. Le chiffu plie sa casquette dans sa poche. Il luit de sueur. Il attrape sa gourde de thé et boit goulûment. Nous souffrons pour lui, on aimerait descendre pour l’aider à pousser, voir relayer à la pédale. Il descend de la selle et hisse le pousse-pousse en tirant une hanse latérale. Nous arrivons au sommet du pont. Il regrimpe sur sa selle.
À la sortie du pont, la piste cyclable s’engouffre dans un tunnel. Le chiffu essaye de gagner le maximum de vitesse possible. Nous ressortons de l’autre côté. Il faut remonter la pente. Debout sur ses pédales, le chiffu peine à nous faire avancer. Nous arrivons au milieu d’un carrefour énorme. Autour de nous deux grandes 8 voies se croisent. Les scooters et les vélos traversent dans tous les sens tels des abeilles agitées. Les voitures vrombissent, se préparant au feu vert. Et nous, on est là, au milieu. Le chiffu est penché sur son guidon, tendu dans l’effort.
Et là, on fait pas les malins !
C’est à ce moment que j’ai fermé les yeux, me suis serrée contre le Chti et j’ai attendu…
Une dizaine de minutes après, nous arrivons face à la gare. Il tire la barre de frein sous le cadran du vélo, le vélo grince et tremble puis s’arrête. Soulagés d’être vivants, heureux d’être à l’heure, honteux de lui en avoir tant fait suer, nous lui avons donné 100¥ en remerciement au lieu des 60 demandés (10€ au lieu de 6€) avant de courir à la gare attraper notre train où nous nous sommes (pour changer) affalés comme des paresseux !