Je suis née à Paris, j’ai toujours vécu à moins de 30 minutes de Paris et cela fait 7 ans que je vais quotidiennement y travailler. Je pensais être armée pour affronter cette ville, pour y ignorer l’agressivité des gens, leurs nuisances, la saleté, la misère… Orgueilleuse que je suis, en une pichenette ma carapace a fondu.
Ce soir, j’ai la rage contre cette bonne femme qui m’a engueulée avec son air prétentieux car (tenez vous bien, quelle nulle je suis !): je n’ai pas forcé la porte du tramway quand le chauffeur a forcé la fermeture des portes… Je sortais du boulot, quand le tram arrivait, j’ai couru mais j’ai été gênée par un petit devant moi qui rentrait tout doucement dans le wagon avec son papa, la porte se fermait déjà sur le père d’ailleurs. J’ai tenté de redemander l’ouverture en appuyant sur le bouton et en repoussant la porte, mais le chauffeur avait décidé que non je resterais dehors.
J’aurais pu mettre ma tête dans la porte pour bloquer, voire la mettre sur les rails, malin nan ? Il aurait été bien obligé de ne pas partir (ou alors j’aurais raté mon train mais lui ne m’aurait pas ratée…). Sauf que non, je me suis résignée, tant pis j’ai raté mon tramway à une micro-seconde, j’attendrais le suivant, même s’il est 18h et que je suis pressée de rentrer, comme toute le monde…
Madame Grognasse est alors arrivée à bout de souffle, me toise de haut et lâche méprisante « Mais quelle godiche, espèce de gourde ! ». J’étais fatiguée, ça m’a blessée.
J’aurais eu un esprit affuté, une langue acérée, j’aurais pu répondre à cette baleine qu’elle n’avait qu’à courir plus vite… Mais rien ne m’est venu, à part quelques balbutiements de protestation trop faiblards.
Le cœur lourd de rage, je me suis éloignée, tout ce que j’avais envie de faire, c’était revenir vers elle pour l’insulter vulgairement, pour soulager mon humiliation.
J’ai eu le même pincement au cœur, le même serrement à la gorge, que quand enfant on m’engueulait à tort pour une bêtise d’un de mes frères. Le sentiment cuisant de l’injustice.
Bref ceci est un message pour la pétasse qui m’a insultée car sa grâsseuseté refusait d’attendre 3 minutes sur un quai et aurait préféré que je balance un mioche sur la voie.