Il y a des moments dans une vie qu’on a pas envie de connaître. J’ai toujours eu le cœur serré quand je vois dans la rue les trop nombreuses affichettes pour chat ou chien perdu, ou quand je lis sur Facebook les signalements type Pet-Alert. Je garde toujours un œil d’ailleurs sur les animaux que je croise (c’est comme ça que Lucie m’a découverte à la sortie de son école il y a quelques semaine avec Fripouille, une labrador noire perdue).
Mais jamais, ô grand jamais, je n’aurai pensé être celle qui, un jour, colle ses affiches dans la rue et dans les halls des immeubles alentour, le cœur tremblant d’espoir et de peine.
Nifhel rentre tous les soirs dormir avec nous, il est castré et n’est pas fugueur de nature. Aussi quand nous ne l’avons pas vu revenir ce dimanche-là, nous avons tout de suite su qu’il lui était arrivé quelque chose de grave… Les jours passaient dans une attente interminable. Si côté positif aucun chat n’avait été trouvé écrasé, aucun vétérinaire ne l’avait reçu non plus comme aucun voisin ne l’avait vu. Il avait tout simplement disparu !
Notre quotidien s’est comme arrêté ce jour là. Nous sortions chaque matin. Je patrouillais avec Lucie en journée autour de chez nous, nous avions bardé le voisinage d’affichettes, et chaque soir au retour du boulot le Chti partait marcher des heures dans la forêt voisine ou les autres quartiers de la ville… Le Chti et moi dormions dans le salon sur notre ancien canapé-lit, la fenêtre entrouverte, et à chaque réveil nocturne nous sortions appeler et essayer d’entendre dans le silence de la nuit un miaulement éventuel de Nifhel…
Le thermomètre montait au fur et à mesure et nous imaginions le pire, les jours s’égrainant toujours sans aucunes nouvelles…
Tandis que son père et moi étions totalement effondrés et faisions rêves déçus de son retour sur cauchemars de lui affaibli/blessé/volé voir de fausses couches suite au stress. Lucie de son côté a été hyper courageuse : elle attendait pleine de foi son copain, pestant de son retard…
Chaque sortie pour l’école était mon chemin de croix : Lucie s’arrêtant à chaque affiche pour me montrer son « Nifhel qui est perdu, Papa et Maman sont tristes »…
Sauf que les miracles arrivent ! Notre chat, comme notre fille, doit avoir une bonne étoile ! Six longs jours après sa disparition, lors de ma sortie de 4h50 en pyjama, ce moment dont on avait rêvé tant de fois arriva pour de vrai !!
À peine sortie de mon hall d’immeuble, avant même que je n’ai eu le temps d’appeler, une petite boule de poils se précipita vers moi dans la nuit en miaulant. MA petite boule de poils !! Amaigrie, assoiffée, le poil court, des selles collés aux fesses, la queue cassée, mais… MA petite boule de poils !! Je l’ai pris dans mes bras les yeux brouillés de larmes, il miaulait, je pleurais, il miaulait, je pleurais, bref on a réveillé toute la maisonnée avec notre boucan !
Une fois Nifhel désaltéré et rassasié d’un premier repas frugal, nous nous sommes retrouvés tous les 4 à 5h du matin dans notre grand lit et il allait de l’un à l’autre en ronronnant et nous couvrant de câlins, escaladant la poitrine de Lucie pour se frotter contre sa tête. La vie reprenait chez nous !
Cela va bientôt faire 20 ans que je vis avec des chats, soit presque les deux tiers de ma vie, j’en ai vécu des choses avec eux ! Mais là, en un mois, Nifhel a décidé de battre des records ! Entre l’ulcère de la cornée et sa disparition pendant six jours, enfermé sans nourriture ou eau chez un voisin absent, j’estime que j’ai eu mon quota pour 20 ans !!
Dans tous les cas nous avons décidé de ne pas laisser les choses au hasard et, le jour même de nos retrouvailles, nous lui avons commandé un traceur GPS pour nous rassurer…
Enfin… rassurer…