On ne choisit pas sa famille mais ses amis dit l’adage. Ma fille, je ne l’ai effectivement pas choisie. J’ai tout au plus influencé les possibilités en choisissant le géniteur, mais cela s’arrête là. Pourtant je l’aime ma fille, même si je ne l’ai pas choisi.
Beaucoup de mamans me parlent de la vague d’amour qu’elles ont ressenti quand, à la naissance, a été déposé sur leur ventre leur enfant. Ma vague d’amour à moi a dû être avalée par le raz-de-marée de culpabilité que j’ai ressenti en la touchant timidement pour la première fois dans sa couveuse, de longues heures après sa naissance. Pourtant je l’aime ma fille, même si je n’ai pas eu ma vague d’amour.
Les esprits scientifiques vous expliqueront que je l’aime parce qu’elle a de grands yeux bleus, une bouille ronde et de doux trait similaires aux miens, autant d’efforts de sa part pour me plaire, m’attendrir et m’attacher à elle afin que je la protège et la nourrisse jusqu’à ce qu’elle soit autonome.
Moi je crois que si je l’aime, c’est parce qu’elle, elle m’a choisie. En naissant, elle m’a faite Maman, comme elle a fait le Chti Papa. C’est avec nous qu’elle apprend et explore, c’est contre nous qu’elle vient se réfugier et se réconforter.
Elle lui ressemble beaucoup, elle me ressemble un peu. Elle est un peu de nous et beaucoup d’elle : sensible, aventureuse, pétulante, aimante et merveilleuse.
Mon cœur bat quand j’entends son rire cristallin tinter, toute à sa joie ;
Mon cœur se brise quand je la vois pleurer à chaudes larmes, écrasée de désespoir ;
Mon cœur sourit quand je l’entends envoyer des bisous à Plume, comme une vieille mobylette pétaradante ;
Mon cœur fond quand je la vois courir pour s’accrocher aux jambes de son père, l’accueillant avec des cris de joie ;
Mon cœur brûle quand elle dépose sa tête au creux de mon épaule, abandonnée et confiante ;
Ma fille, je l’aime.