Il y a des matins où j’habille ma fille et où je sais que j’entendrai immanquablement cette question dans la journée. En effet Lucie est une petite fille sans beaucoup de cheveux, donc souvent c’est sa tenue du jour qui fait son sexe du jour.
Que l’on confonde ma fille avec un garçon m’indiffère totalement, elle est loin d’être pubère et franchement qu’importe ?! Personnellement, je ne sais pas non plus reconnaître le sexe de certains nourrissons ou enfants !
Par contre j’ai vite compris que, passé un âge, il ne faut plus trop poser la question sous peine de risquer une ire parentale terrible ! Je parle alors très prudemment à Lucie d’autre « bébé » ou autre « enfant » en espérant qu’à un moment je puisse demander le prénom (ce qui n’aide pas toujours ceci dit !).
Heureusement, généralement, ces papas et mamans qui tempêtent si on se trompe sont très soucieux de ne laisser planer aucun doute sur le sexe de leur enfant. Au point qu’ils couvrent bien souvent leur fille dès la naissance d’accessoires ultra-féminins (barrettes, serre-tête ou bandeau fleuri, boucles d’oreilles, …) et/ou les plastronnent de déclinaison d’une nuance unique allant du rose au violet.
Il faut reconnaitre que les marques de vêtements alimentent joyeusement cette tendance en refilant une grande majorité de vêtements ultra-genrés. J’ai failli décéder d’une overdose de rose à ma première visite aux rayons pour bébé fille !
Pour ne citer que des marques que je connais (et apprécie tout particulièrement) : chez Petit Bateau le rayon fille regorge de rose (j’aime pas le rose moi !), de nœud-nœud (argh), de petit col Claudine (berk) ou de liseré en picot (overdose). Chez Catimini, la marque de la féminité se situe dans les détails : avec du brillant ou de la tulle (ça décorera ma machine), elle se retrouve aussi jusque dans la composition du t-shirt : chez le garçon du 100% coton et chez la fille avec 5% d’elasthanne (je suppose pour mouler sensuellement le gracieux bidou de ma petite fille ? En tout cas c’est pas pour faciliter l’enfilement du vêtement sur un bébé rétif !)…
Alors certes Lucie a quelques tenues avec des col Claudine, du rose, du brillant, du picot, de l’élasthanne, des fées, des robes, voir même des nœud-noeuds (re-argh !), à petites doses certaines tenues m’ont plu. Cependant je m’autorise allègrement à traverser la ligne symbolique du rayon garçon pour chourer leurs tenues ultra confortables avec de petits animaux ultra-mignons (des renards, des hippopotames, des ours, des chats !) et surtout je n’autorise personne à critiquer mon choix ! Faut-il s’habiller « en fille » pour être « une fille » ? Au fond, qu’est-ce que « une fille » ? Une personne en robe à nœud-noeud rose ? Un ADN contenant une paire de chromosomes XX ? Un ventre capable de donner la vie ? Une façon et une manière d’être ? Personnellement je ne sais pas quelle est la bonne réponse, je pense qu’il n’y en a a pas. Qu’il y a beaucoup de façons d’être « une fille » ou « une femme », mais qu’en aucun cas je n’accepterai que l’on bride ma fille à une seule.
Si ce pull avec des renards nous plait, si ce jean est plus pratique pour escalader à l’envers le toboggan, si ce bonnet en forme de chat lui va, elle pourra les porter. Ce n’est pas ça qui lui fera descendre une paire de testicules ou pousser une pomme d’Adam…