Je vous ai raconté la première partie de cette journée à Paris avec Gaëlle, à fureter autour de Notre-Dame de Paris.
Aujourd’hui voici la suite, notre objectif étant d’aller encore plus haut dans le ciel de Paris, quoi de plus haut que la Tour Eiffel alors ?
Mais tout d’abord un petit détour sur les quais de bord de Seine, direction un bâtiment dont la forme atypique dans le Paris haussmannien nous avait attiré du haut de Notre-Dame.Alors petit quiz, qu’est-ce qui est de verre avec des semelles rouges ? Une idée ?
Eh non, ce ne sont pas un nouveau modèle Cendrillon de Louboutin mais les célèbres escalators du Centre Pompidou…Ce bâtiment bizarre, fait de métal et de verre, de tuyaux géants et d’échafaudage a été surnommé à son inauguration « Notre-Dame des Tuyauteries ». C’est sûr qu’il détonne autant qu’il fascine !
Sur le parvis, des troubadours divertissent avec des tours de magie, des spectacles de bulles ou de danses tandis que les pétales colorés du « stabile-mobile » Horizontal d’Alexander Calder pirouettent au vent…Crée en 1974 et donné aux collections françaises à la mort de l’artiste, il avait été vu pour la dernière fois en 1992 sur le parvis de la Défense. Un beau bestiau de 6 tonnes quand même…Mais pas le temps de rester plus longtemps autour de Beaubourg, ce sera pour une autre fois, nous partons pour notre rendez-vous de l’après-midi, le monument parisien le plus connu et le plus symbolique, l’incontournable, le phare de Paris, bref vous l’avez reconnue:
Je ne résiste pas (formation d’histoire oblige) à vous faire un petit résumé historique (mais vous pouvez faire comme le Chti et zapper !).
En 1884, Jules Ferry alors Président du Conseil signe le décret annonçant une nouvelle Exposition Universelle à Paris en 1889, date anniversaire de la Révolution Française. Dès cette date, les ingénieurs des bureaux Eiffel Maurice Koechlin et Émile Nouguier travaillent sur un projet de pilône métalique culminant à 300m, hauteur jusqu’alors jamais atteinte.
Le projet est modifié par Stephen Sauvestre (architecte des ateliers Eiffel) qui rajoute au projet les pieds en maçonnerie, les arcs pour soutenir le premier étage et réduit le nombre d’étage intermédiaire. Ce projet convainc enfin Gustave Eiffel qui commence alors un travail de lobby auprès des décideurs pour faire accepter le projet.
Un concours va donc être lancé par Édouard Lockroy, ministre du Commerce, en mai 1886 pour une tour de fer de 300m avec base carrée de 125m de côté, concours gagné par Eiffel naturellement (que certains soupçonnent aujourd’hui d’avoir soufflé le cahier des charges du concours).
En septembre 1887 une convention est signée entre Gustave Eiffel, Édouard Lockroy et Eugène Poubelle, préfet de la Seine représentant Paris, donnant les modalités de construction et d’exploitation de la Tour à venir, les travaux peuvent commencer.
250 ouvriers travailleront en même temps sur ce chantier, assemblant les pièces dessinées et pré-assemblées dans les ateliers d’Eiffel à Levallois, comme un jeu de construction géant ou une bibliothèque Ikea avant l’heure.
Ils se termineront en mars 1889, en retard d’une année mais à temps pour l’exposition. À noter qu’aucun ouvrier ne sont morts sur ce chantier (contrairement à Versailles ou la muraille de Chine par exemple), à l’exception d’un ouvrier le jour de repos qui avait voulu faire le mariole devant sa fiancé.
Ce « squelette de beffroi » selon les termes de Paul Verlaine a été dès son projet contesté, comme plus tard le Centre Pompidou l’a été. Un collectif d’artistes (comptant en ses membres Guy de Maupassant, Alexandre Dumas fils, etc.) disait d’elle :
II suffit d’ailleurs, pour se rendre compte de ce que nous avançons, de se figurer une tour vertigineusement ridicule, dominant Paris, ainsi qu’une noire et gigantesque cheminée d’usine, écrasant de sa masse barbare : Notre-Dame, la Sainte-Chapelle, la tour Saint-Jacques, le Louvre, le dôme des Invalides, l’Arc de triomphe, tous nos monuments humiliés, toutes nos architectures rapetissées, qui disparaîtront dans ce rêve stupéfiant. Et pendant vingt ans, nous verrons s’allonger sur la ville entière, frémissante encore du génie de tant de siècles, comme une tache d’encre, l’ombre odieuse de l’odieuse colonne de tôle boulonnée.
Pour assurer la pérennité de la tour face à ces détracteurs, Gustave Eiffel avait lors de la conception et du projet d’exploitation, mis en avant l’usage scientifique qui pouvait être tiré de ce bâtiment unique, pour l’aérodynamisme, les souffleries, la météorologie, la diffusion hertzienne, etc.
C’est dans cet esprit que nous pouvons lire sur le pourtour du premier étage, soixante-douze noms de scientifiques français ayant vécu entre 1789 et 1889.
Après cette pause historique, qui correspondra pour vous au long temps d’attente que nous avons eu au pied de la tour à regarder les touristes et les policiers à vélo, il est temps de payer et de grimper dans l’ascenseur.Impatientes comme nous étions après les deux heures de queues, nous avons été directement au sommet et dernier étage embraser l’horizon du regard et les nombreux monuments parisiens, à commencer au pied de la tour par le Trocadéro…la tour Montparnasse (c’est nous les plus grandes euh !), l’Hôtel des Invalides (dont le nom vient de l’origine du bâtiment destiné à hébergé les invalides de guerre, nombreux durant le règne de Louis XIV) et sa célèbre coupole dorée,nous retrouvons Notre-Dame (qui d’un coup semble ridiculement petite !),le Grand Palais et en vis-à-vis le Petit-Palais, à leur droite la Place de la Concorde (son obélisque et sa grande roue),le vaste Palais du Louvre (dont vous pouvez apercevoir dans sa cour la fameuse pyramide en verre, elle aussi beaucoup décriée à son inauguration) et en arrière-plan Notre-Dame des Tuyauteries (si vous n’avez pas suivi, je parle du Centre Pompidou),et encore, last but not least, une porte qui nous sert de rond-point : l’Arc de Triomphe !Ce petit panorama à 360° réalisé, vous vous dites comme moi probablement : c’est fou ce que l’on voit bien de là-haut ! Je vais vous avouer le truc, sans l’objectif de l’appareil photo, en vrai, la vue ressemble plus à Paris Miniature : Mais il est temps de quitter le troisième étage et son bar à champagne, nos doigts sont gelés sur les déclencheurs de nos appareils photos…
Une pensée pour les détracteurs de la Tour… « Et pendant vingt ans, nous verrons s’allonger sur la ville entière […] comme une tache d’encre, l’ombre odieuse de l’odieuse colonne de tôle boulonnée« Dans l’ascenseur nous pouvons admirer de près l’ouvrage métallique et le petit bonhomme Tour Eiffel (qui rappelle le lapin RATP)…Deuxième étage, tout le monde descend ! On reprend les mêmes monuments mais sous un nouveau point de vue et au soleil couchant,On aperçoit également le Sacré Cœur se détachant du ciel au fond,et un bâtiment bizarre, ressemblant à une ruche et qui se révèle être le nouveau Musée su Quai Branly !À nos pieds, les rues si caractéristiques du Paris Haussmannien,au loin les tours modernes du quartier de La Défense…Au-dessus de nous, la pointe de la Tour et le ciel,En-dessous la Seine, ses ponts, l’île artificielle aux Cygnes (sur laquelle vous pouvez distinguer au bout la réplique de la Statue de la Liberté),et le métro !Mais il faut continuer de descendre alors direction le premier à pieds, moment où je me suis mise à mitrailler la Tour plutôt que Paris…Et puis voilà… Notre voyage dans Paris touche à sa fin (QUI A DIT ENFIN ?! Qu’il se dénonce !), nous ne sentons plus aucune extrémité de notre corps, mais nous sommes ravies !
Pour saluer notre départ, la Tour s’illumine et met son habit de soirée… Et comme la journée avait débuté dans le métro, elle se termine dans le RER…
Ça caille en haut
Premier croquis de ce qui deviendra la Tour Eiffel
Il y a quelqu’un ?
Interdiction de jeter l’ancre
Les Louboutins de Beaubourg
Stabile-Mobile Horizontal de Calder
Les noms des savants
Pilier Est
Le Trocadéro
Place de la Concorde
Le 3ème étage
Tour Montparnasse
Hôtel des Invalides
Notre-Dame de Paris
Grand Palais et Petit Palais
Le Louvre, sa pyramide et le Centre Pompidou
L’Arc de triomphe
Dans l’ascenseur
Dans l’ascenseur
Grand Palais et Petit Palais
Place de la Concorde
Le Sacré Coeur
Hôtel des Invalides
Le Musée du Quai Branly
La Seine et l’île artificielle aux Cygnes
La Seine et l’île artificielle aux Cygnes
La patinoire de la Tour
Fin de journée dans le RER