Cela fait plus de 18 mois que Lucie est née (en réalité 19 mais j’ai mis un mois pour finaliser cet article) et j’ai aujourd’hui parfaitement endossé mon rôle de maman, ce statut qui me semblait si étrange les premiers jours. Je suis maintenant la maman aguerrie et entraînée d’une véritable petite fille. J’ai développé de nouvelles compétences insoupçonnées : je sais, au toucher, à quel stade de la poussée dentaire une gencive est, à l’odeur je connais d’avance la couleur du contenu de la couche, et d’ailleurs à la tête de Lucie je devine quand elle est en train de pousser (oui être mère c’est comme être enceinte : c’est glamour, surtout en photo !).
J’ai durant ces mois appris à relâcher la pression, à être beaucoup plus cool, j’ai appris à lui faire confiance tout simplement. Tant pis si cela demande de se casser le dos pendant deux mois, le temps qu’elle apprenne à marcher seule, tant pis si pendant des mois je dois l’accompagner dans son sommeil pour calmer ses peurs nocturnes, tant pis si elle ne mange pas équilibré tant qu’elle a suffisamment d’énergie, tant pis si elle est trop gentille face à des enfants agressifs, elle apprendra à se défendre plus tard. Pour le moment, je suis là pour elle et lui apprendre à être autonome.
Je ne serais jamais parfaite en tant que Maman, pas assez ci, trop ça, … Elle ne sera jamais une petite fille parfaite, pas assez ça, trop ci, … Par contre, elle sera toujours ma petite fille chérie et moi sa Maman.
Régulièrement on me conseille de « prendre plus de temps pour moi », que c’est « primordial pour mon équilibre personnel », que je ne dois pas « me perdre dans ce rôle » de maman. Parfois, j’avoue , oui j’ai envie d’une pause, de pouvoir aller aux toilettes sans qu’elle ne vienne me mettre de la crème solaire sur les genoux, de me coucher en sachant que la nuit sera sans réveils impromptus plus ou moins nombreux et/ou longs. Sauf que chaque jour Lucie grandit et gagne en indépendance, un jour elle partira sans se retourner, alors d’ici là je profite de tous les instants pour ne pas avoir de regrets plus tard. Elle est ce qui importe le plus aujourd’hui.
Et il faut reconnaître que la période actuelle est très sympa ! Elle est loin la couveuse de néonat’, la période des coliques inconsolables, la frustration d’un corps-prison ! Lucie profite de la vie de toute son énergie : elle court en s’émerveillant des fleurs, des animaux, des cailloux, bref de tout ce monde qui l’entoure ! Elle monte et redescend dans un ballet sans fin les toboggans, s’accroche farouchement à sa balançoire pour s’envoler un peu plus vers le ciel à chaque poussée, tourne sur le tourniquet à en perdre la tête et à en rendre malade les plus grands, dribble avec sa balle en la poussant de plus en plus loin, … Une vraie petite fille pleine de joie !
Si elle nous comprenait depuis belle lurette et obéissait à des ordres simples (« va chercher tes chaussures », « met ton chapeau », « range ton livre », …), depuis mai elle sait enfin se faire comprendre de nous, au-delà de « Papa » et « Maman ». Elle peut dorénavant nous dire « oui » (en hochant affirmativement des fesses) et surtout « non » (en secouant la tête et disant d’une petite voix ferme » ‘e veux pas »).
Elle n’a pas choisi la voix facile pour s’exprimer en se mettant aux phrases directement (« Papa viens m’ouvrir la porte », « après je veux faire ça », « Maman viens me voir ») au lieu de procéder mot par mot, cela tient encore pas mal du décryptage de linéaire A, mais elle qui était muette et très silencieuse, au point de surprendre les gens qui la rencontraient, sait maintenant se manifester.
N’allez pas croire que tout soit rose, si avec la chaleur elle s’est mise à demander « à boire » et à goûter l’eau, elle ne se nourrit que de son lait ou bien d’un yaourt nature Danone, de pain, de riz, de pâtes (de blé ou de légumes), de petit pois, de jambon, de tortilla, parfois d’une compote de fruits (de préférence fraise ou framboise). Mais pour nous, c’est déjà un progrès incroyable ! Et nous savons qu’un jour peut-être elle croquera gaiement de ses 14 dents la tomate qu’on lui présentera, ou ce morceau de banane, plutôt qu’aux Chocos® de Papa !
Le sommeil est un autre point noir, elle qui dormait si bien a perdu toute régularité avec la marche et les dents. Après avoir passé des nuits à la regarder s’entraîner à la marche pendant 3h dans notre couloir, je l’ai vu jouer pendant 3h dans sa chambre paisiblement au milieu de la nuit, puis se réveiller toutes les 2h en hurlant paniquée, puis de juste vérifier aux alentours de 4h que je suis toujours dans les parages avant de retomber dans le sommeil du juste. Dans tous les cas, je dois être maintenant présente dans un coin de sa chambre le temps de l’endormissement, pour la rassurer. Cela peut prendre quelques minutes comme deux heures.
Je n’ai plus décidé de lutter contre ce que certains appellent de « mauvaises habitudes », je pense qu’en lui laissant le temps, d’elle-même, elle prendra de « bonnes habitudes ». D’ici là je l’accompagne de mon mieux et savoure chaque petits cadeaux qu’elle me donne, sourit à la voir trépigner quand son père rentre, fond à la voir bisouter son chat chaque soir avant le coucher.