Il y a 4 ans j’étais enceinte d’un petit Mogwaï et j’espérais avoir un petit garçon (idéalement : son père en miniature ! Le comble du mignon à mes yeux enamourés). C’est avec plaisir que j’ai d’ailleurs appris la première estimation du sexe (et la seule pendant longtemps) qui allait en ce sens du petit garçon désiré.
Pourquoi voulais-je particulièrement un garçon ? Je me disais peut-être que ce serait le plus simple pour moi, en tant qu’ex-garçon manqué/fille ratée… Ma plus grande trouille était d’avoir une petite fille ultra-branchée princesses, paillettes et rose… Le cliché de la petite fille auquel j’étais totalement allergique !!!
Sans oublier que si être une fille en France est déjà mieux qu’être une fille dans ces pays où elles sont tuées avant même la naissance ou traitées comme des marchandises après, la situation en France n’est pas non plus tout à fait la même entre homme et femme. Outre le salaire, je pense qu’on a toutes eu notre lot de gros lourds, de frotteurs indésirés et de pervers menaçant (au mieux). Si être un garçon n’immunise pas totalement contre cela, toujours est-il qu’il sera moins exposé globalement. Et mieux payé.
Et puis à quelques mois de la naissance, le petit garçon est devenu une petite fille. Le temps de la surprise passée, on s’est vite fait à l’idée et elle est devenue notre précieuse petite crevette. Petite crevette qui depuis a bien grandi et si effectivement elle adore les robes et les jupes qui tournent, elle ne crache pas pour autant sur un bon t-shirt avec un jean bien costaud pour aller courir dehors, taper dans la balle, escalader ou foncer en trott’.
Depuis que Lucie est petite, j’ai voulu ne pas la limiter dans les stéréotypes de son genre et j’ai sauté à la gorge de toutes les personnes la renvoyant forcément uniquement aux « trucs de filles ». Pour moi il est important qu’elle sache que tout lui est possible, au même titre qu’un garçon ou n’importe qui d’autres.
De toutes façons, je ne suis pas un parangon de ce qui est prôné par notre société comme LA féminité : jamais maquillée, privilégiant le confort à la tendance, piètre cuisinière, encore pire ménagère, … Le summum de l’horreur : au concours d’aisselles poilues à la maison, je gagne haut la main devant son père !
Au final, j’ai trouvé mon point d’équilibre avec Lucie. C’est pourquoi quand la sage-femme nous a annoncé cette seconde petite fille, j’étais plutôt confiante de savoir gérer. Je n’ai plus peur d’avoir une princesse ou une poupée car quoiqu’elles aiment, quoique soient leurs passions, je serai là pour leur dire qu’elles ont le droit de tout faire… Chez nous ce sera girl power dans quelques mois !
Eh oui ! On a des enfants farceurs, comme sa sœur avant lui, Chti-Rex a joué un peu avec nous avant de se révéler ! Pile quand on avait trouvé le prénom pour une fille, voilà qu’il faut reprendre !
Sauf que d’un coup je me retrouve avec un petit homme à élever ! Et si pour une femme, je me sens finalement compétente avec ma propre expérience, qu’en sera t’il pour un petit garçon ? Saurai-je trouver la juste mesure pour passer outre les stéréotypes virilistes auxquels il sera confronté ? Saurai-je le laisser se développer sans plaquer sur lui un modèle testoronné ?
Il n’est pas encore né que je vois arriver l’autre côté de la balance : taper ma fille n’est pas correcte car c’est une princesse fragile, mais cela sous-entend que taper mon fils serait correct ? Et en y réfléchissant, si pour Lucie je peux dire facilement « tu peux tout faire ma fille », pour son frère je sais que cela sera faux… Ne serait-ce que vestimentairement parlant : si je pique jusque là allègrement sans distinction des deux côtés des rayons pour enfants, si Lucie peut tenter toutes les couleurs et s’amuser avec ses robes et ses jupes qui tournent, au XXIe siècle en France c’est plus difficile pour un garçon de faire de même…
Mais je sais que, comme pour Lucie, je trouverai in fine un équilibre pour laisser mon petit garçon se développer comme il veut, et non pas en caricature. Et puis pour élever ce futur petit homme, je ne suis pas toute seule : il y aura son Papa. Et moi ce Papa je le trouve pas si mauvais modèle d’homme vu que je l’ai épousé ! Sans oublier sa sœur qui sera là pour lui montrer que les filles sont tout autant capables !
En attendant, à la maternité, il sera temps de venger sa sœur…