Le Chti avait commencé à vous raconter le début in utero de son histoire avec Lucie, voici la seconde partie de son récit avec sa version de notre longue épopée nocturne. Il y revient sur la pire nuit de sa vie.
- 25 janvier 2015 : la nuit de l’accouchement / aka euh… bah notre première nuit à trois
Nous sommes arrivés à 19h41, direction salle d’attente, en se demandant bien si nous allions repartir ce soir. Nathalie, la sage-femme était très sympathique et essayait de nous rassurer. Je passe les détails mais tout s’est enchaîné, plusieurs changements de salle, pas de contractions de travail, des contractions de travail, boost artificiel des contractions, pas de boost, le bébé va bien, le bébé va mal, voie naturelle, césarienne d’urgence…
Dernier changement de salle pour la future Maman, nous avons demandé à ce que je vienne et donc je reste en arrière pour me changer en tenue « d’opération » (non mais juste pour assister, hein ?! Je n’allais pas découper ma Femme, surtout avec le bébé encore dedans !).
Donc je me change, et je me retrouve seul dans le couloir, Nathalie ressort et me ramène un tabouret … pour l’attente. Et quelle attente… plusieurs minutes à se tourner les pouces, sans savoir ce qu’il se passe.
Finalement, l’anesthésiste vient me chercher. J’arrive au chevet… (Une table d’opération en forme de croix…) et ma moitié ne me reconnait pas sur le coup mais un peu après. Et là, je tiens compagnie, caché derrière le grand rideau nous cachant ce qui se tramait au niveau du ventre. Nous n’entendons que les paroles « Mais elle est où ? », « Elle est plus au fond », ou les bruits « Sllllluuuuuuuurrrppslurrpppsslurpslurpslurpppss »… Et il ne faut surtout pas oublier les commentaires de l’intérieur du ventre de Kiki par l’anesthésiste….
Finalement, Nathalie arrive en tenant un petit être au sein d’une couverture et nous annonce le poids du bébé « 2 kg 0 – 8 », j’étais surpris, mais moins que la Maman qui comprend de travers « 2 kg 8, un peu plus que sa Maman, je faisais 2k4 » avant de se faire reprendre « 2 kilo – zéérroo – huit ». Et là, elle comprend que c’est une vraie petite crevette, loin des 3kilos 250 vendus par le gynécologue.*NDLS (note de la souris) : je pesais 2,4kg à la naissance, avec un mois d’avance
Pendant le rafistolage du ventre suite à la césarienne, on m’emmène assister au premier nettoyage de Lucie : 37°, elle commençait déjà à râler comme sa mère, avec de tout petits cris. Elle est allongée et mesurée, 45 centimètres et quelques. Elle se tortille déjà un peu pour montrer son désaccord d’être manipulée de la sorte (c’est bien une fille). Je suis ensuite conduit à la suite de la Sage-Femme et Lucie au service néo-natalité. Je ne connaissais que de nom, l’auxiliaire puéricultrice de garde, très sympathique, m’explique les raisons de la présence de Lucie ici : « trop petite », « trop faible pour la température », « suivi plus poussé en raison de son gabarit », « divers tests », « intraveineuse ». Je reste avec Lucie, seul, dans une quasi-obscurité, après qu’elle fut mise dans sa couveuse… son caisson. Je fais quelques photos pour sa Maman, qui n’a pas encore eu la chance de véritablement la voir. Une pédiatre passe dans la pièce, se présente et me demande pourquoi Lucie fait ce poids… Dans ma tête une pensée violente tambour mon crâne, mais je la retiens.
Elle repart me laissant de nouveau seul avec bébé Lulu. En la regardant, une certaine culpabilité s’empare de mes pensées, nous avons beau nous convaincre que nous n’y sommes pour pas grand-chose, la voir dans sa boîte, isolée, avec ses câbles, nous empêche de penser à autre chose.
Quelques minutes après, je rejoins la Maman qui est allongée sur un lit, seule, tout aussi isolée si l’on ne compte pas l’infirmière qui vient voir l’évolution de son état toutes les quinze minutes et ne dit quasiment pas un mot. Elle ne peut quasiment pas bouger à cause de l’anesthésie. Je lui montre les photos de sa fille qu’elle n’a pas pu voir depuis le passage dans la salle d’accouchement. Je reste à ses côtés, au moins je peux la soutenir elle.
À un moment, la pédiatre passe la voir, se présente et lui pose la même question « Comment cela se fait qu’elle fait ce poids ? »… ma pensée revient me tirailler, cherchant un moyen de sortir se jeter sur cette personne.
Nous ne répondons pas… Elle repart nous laissant de nouveaux seuls jusqu’à ce que Kiki aille suffisamment mieux pour aller à sa chambre, en passant par la couveuse de Lucie bien sûr. Nous y sommes restés quelques minutes à la contempler, sans la toucher, juste en chuchotant avant de partir vers la chambre nous reposer, sans pouvoir emmener Lucie.
La première nuit à l’hôpital ne fut pas pour moi ce que l’on peut appeler une Nuit… J’essayais de dormir sur le fauteuil… mais toutes demi-heures l’infirmière de garde me faisait sortir pour prendre la tension et vérifier la cicatrice. Je devais attendre dehors dans le couloir.
Et ceci, jusqu’au matin…
- Lucie césarisée / aka les suites de la césarienne sur ta femme
Lucie est donc née par césarienne… Cela me laisserait indifférent si cela n’avait pas entaché le séjour à la maternité de Kiki. Même si celle-ci s’était bien passée, elle était dans l’incapacité de faire le moindre mouvement au niveau du ventre, s’assoir, se relever, s’allonger, rigoler… tout cela faisait mal. De plus, au lieu des trois jours de séjour pour un accouchement voie basse… du fait de la césarienne et que Lucie était en couveuse, elle devait passer au moins 7-8 jours à la maternité. Mais Aki est une tête de mule, surprenant les infirmières, elle s’est très vite rétablie… enfin, suffisamment pour faire des allers-retours à la néo-natalité pour voir sa Fille qui est une motivation suffisante pour braver la douleur.Par contre, plus tard, à la maison, cela a mis plus de temps avant que les mouvements du quotidien redeviennent quasiment naturels.
- Néo-nat, RCIU et mini-crevette / aka la première semaine à l’hosto
La première semaine a été plutôt fatigante : faire des allers retours tous les jours entre la maison, l’hôpital, … , faire des courses de dernière minute car la puce est beaucoup plus petite qu’une crevette, trouver des places de parking où il n’y en a pas sans se garer en dehors d’une place (je n’aime pas ça) qui est payant en plus comme la majorité de Versailles, faire les allers-retours au service néo-natalité aux heures de repas de bébé Lucie et jongler avec les horaires,… et le soir à 22 heures, 23 heures, se faire un mini repas avant d’aller se coucher pour se lever à 6h le lendemain matin et recourir toute la journée.
- Le retour et les débuts de la vie à trois / aka le retour 2, les difficultés du début
Le retour à la maison a été plutôt difficile. Même s’il était (très) fortement attendu par la Maman (ce que je comprends), il n’était pas joie et émerveillement.
C’était assez déstabilisant de rentrer avec une nouvelle pièce détachée (huhu). Il a fallu en plus faire les présentations avec Plume.
Mais passé cet instant c’est une période de doute qui s’est installée : sommes-nous capable de nous en occuper pendant ses premières semaines de sa vie ? Il faut le comprendre, je pense que la majorité des nouveaux parents se posent des questions, ont des doutes, mais nous avions une couche supplémentaire : notre bébé avait un poids extrêmement léger et une petite taille (elle tenait facilement allongée sur mon avant-bras), nous n’avions pas le droit à l’erreur. Nous devions la peser extrêmement régulièrement, vérifier avec exactitude la quantité bue, etc.
Des personnes, certaines qualifiées, ont beau vous dire qu’un nouveau-né n’est pas si fragile que cela, ce n’est toujours pas assez rassurant.
Il faut rajouter à cela que nous n’avions pas de suivi de prévu, malgré que nous sortions de la néo-natalité. Et si nous faisions tout pour donner le biberon à Lucie nous-même en néo-nat, nous n’avions passé que peu de temps (tout est relatif) avec Lucie en dehors de ces heures de repas car elle était dans sa couveuse, ou son berceau à l’abri.
Et pour compliquer le tout, ma moitié n’était qu’au huitième de ses capacités…
- Être Papa / aka ton nouveau rôle, ta nouvelle responsabilité, ta petite fille
Être Papa… définition ? Bonne question … Pour moi, pour le moment, c’est aider le petit bout de nous à se développer, à apprendre, l’aider, le supporter (dans tous les sens du terme) dans les moments difficiles et les moments heureux. C’est accepter ce petit être et lui laisser pendre de la place dans sa Maison, dans sa Famille. C’est une définition qui évoluera avec le temps, avec Lucie…
Pendant un moment, être Papa, c’était la porter tous les soirs ou se faire promener dans l’appartement pendant qu’elle le visitait en marchant.
En ce moment, c’est la suivre pendant qu’elle « court », lui faire comprendre les mots, lui apprendre à se laver les dents, entasser les jouets qu’elle ramène, danser avec elle, lui faire le câlin et bisous pré-dodo.Plus tard ce sera peut-être accueillir les prétendant(e)s avec un fusil ?
- BB2 / aka prêt à rempiler ? Quelles erreurs éviter au prochain ?
Il va falloir m’offrir de longs mois de vacances le temps que j’arrive à dormir correctement pour me préparer à de nouvelles nuits blanches/difficiles/coliques.
Les erreurs à éviter au prochain ? Ne pas se remettre en doute quand quelque chose nous inquiète et que les médecins nous donnent tort… Car nous aurions très bien pu la perdre…