Depuis quelques temps, Lucie a découvert un nouveau mot : « quoi ». Elle l’utilise à toutes les sauces, et sur tous les tons, pour mon plus grand malheur…
Mais là où elle m’achève, c’est quand elle joue avec mes nerfs :
Étiquette : Mogwaï
Lucie est une fille de la ville qui vit dans un appartement sans jardin ou balcon. Si nous avons la chance de ne pas vivre au milieu du goudron mais à côté d’une forêt avec des fermes royales pas loin, elle n’a pas encore eu l’occasion de plonger les mains dans la terre.
Ce printemps, incitée par ma mère qui lui a offert une petite boîte pour faire pousser des tomates cerises, je teste la main verte de Lucie ! Histoire de voir si elle a ma lourde hérédité de noyeuse de plantes… En attendant, fidèle à moi-même, c’était mal barré dès le début pour notre plantation…
Pour ma défense, c’était pas précisé sur le mode d’emploi que le petit bout de coton posé sur le pot c’était les graines en fait… Je pouvais l’attendre longtemps mon plan de tomates…
Hier je vadrouillais dans notre résidence avec Lucie comme à notre habitude, flânant du rhododendron en fleurs aux pissenlits sous nos fenêtres, quand un vieux monsieur (qui m’était totalement inconnu) passe devant nous.
Fidèles à nos bonnes manières, Lucie et moi le saluons chacune d’un « bonjour » poli qu’il nous retourne chaudement avant de piler et de se retourner vers moi pour engager timidement la conversation :
Ce parfait inconnu pour moi nous connaissait bien lui, je l’avais déjà croisé avec sa femme dans la rue sans pour autant les remarquer mais eux se rappelaient très bien de nous, de ce petit enfant si souriant et si amusant qui les divertit depuis leur cuisine !
Va vraiment falloir que j’arrête de me curer les oreilles ou de remonter mon pantalon quand je joue avec Lucie… Et que j’envisage de mettre un petit prix pour le spectacle !
Comme tous les jours depuis des mois, nous allons à la boulangerie chercher notre pain… Jusqu’au jour où Lucie a décidé de m’afficher : Ma réputation est finie ! Je dois changer de boulangerie !!
Comme tous les enfants de son âge, Lucie adore porter nos sacs de courses ! Vide ou plein, elle est fière comme Artaban quand nous lui en confions un et alors sac à l’épaule elle parade avec son petit torse bombé. Comment lui refuser ce petit plaisir simple ? Nous avons donc pris l’habitude de lui en prendre un petit à sa taille pour aller faire les magasins…
Lucie est née fin janvier 2015, une date qui rime en France avec « attentat », « terrorisme » et « panique ». Nous sommes en « état d’alerte » et « en risque attentat » depuis sa naissance ; elle n’a pas connu le monde autrement que sous « haute surveillance ». La spontanéité et la façon naturelle dont elle a ouvert son sac pour le vigile du magasin m’a à la fois fait rire et déprimée.
Elle m’avait observé faire depuis sa naissance et devoir montrer son sac à chaque porte est pour elle comme composter mon ticket de bus…
Avec les beaux jours reprennent les grandes sorties au château ! Si je vous ai présenté déjà les deux Trianons (le grand et un peu du petit), je n’ai pas encore pu m’attarder beaucoup sur ma partie préférée : le hameau de la Reine !
Très éloignée du château, donc assez paisible, c’est une balade formidable (mais éreintante) que j’apprécie avec Lucie. Pour s’y rendre il faut (depuis les derniers attentats), entrer par le Petit Trianon et ses escaliers qui fascinent Lucie…
Quand elle a fini de m’étaler des « cailloux pa’tout pa’tout » sur ma chaussure (puis de les retirer puis de les remettre puis de les retirer) ou de jouer dans les haies qu’on dirait coupé à sa taille…
Il faut partir en choisissant un chemin vers le Nord. Nous avons d’abord pris celui près de l’arbre si noué que l’on dirait un crocodile sculpté avant qu’elle ne change pour la pénombre d’un sous-bois menant à un petit pont sur le ru…
Derrière nous avons traversé une belle prairie fleurie entourée de grands arbres centenaires avant de nous arrêter un temps pour admirer les coquettes maisonnettes et écouter le bruit des cascatelles se déversant dans le lac…
Nous touchions enfin au but de la visite pour Lucie en arrivant aux animaux : ânes, moutons, chèvres, cochons, vaches, chien, toute une petite ménagerie pour mon amoureuse des animaux. Toute la basse-cour était cette fois encore cachée pour cause de retour de la grippe aviaire.
Mais le temps d’arriver, il faut déjà repartir pour rentrer à la maison. Le trajet est encore long et la promenade est encore éprouvante à faire pour Lucie… Mais la prochaine fois, je prendrai l’appareil photo pour vous parler mieux de ce petit bout de Disneyland du XVIIIe siècle !